L’existence d’un gisement de diamants découvert dans les années 70 vient d’être dévoilée par Moscou. Les particularités de ce gisement expliquent qu’il ait été si longtemps caché.
Depuis quarante ans, les scientifiques de l’Institut de géologie et de minéralogie de la branche sibérienne de l’Académie russe des sciences étaient contraints au silence. Il aura fallu attendre le 16 septembre 2012 pour que l’existence d’une mine recelant des milliards de diamants soit dévoilée. Ils avaient été retrouvés en nombre au cœur d’un cratère de météorite de 100 kilomètres de diamètre, formé il y a plus de 30 millions d’années. Toutefois, l’existence de la réserve avait jusqu’ici été tenue secrète.
Or, plusieurs raisons expliquent que ce gisement n’ait pas été révélé plus tôt. D’une part, dans les années 70, à l’époque de la découverte de cette mine, les Soviétiques investissaient massivement dans la production de diamants synthétiques. Mettre sur le marché de véritables diamants aurait donc mis en péril une partie de l’économie russe. D’autre part les diamants découverts en Russie présentent des caractéristiques exceptionnelles susceptibles de révolutionner l’industrie et la recherche. De quoi provoquer un "retournement total du marché des diamants", comme le souligne le directeur de l’institut à l’origine de la découverte, Nikolaï Pokhilenko.
Car en étudiant de près les diamants, les scientifiques russes se sont aperçus que ceux-ci étaient dotés de caractéristiques pour le moins inhabituelles. Les pierres présentent notamment une extrême dureté qui est deux fois plus importantes que celle des diamants traditionnels. Même leur structure est inédite et n’a jamais été retrouvée sur aucune autre pierre. Ces particularités font d’ailleurs penser à certains experts que l’origine de ces diamants pourrait ne pas être terrestre. De plus, la quantité de pierres contenues dans les roches est dix fois plus importante que celle des autres réserves connues. Ici, il est question de "billions de carats" (soit mille milliards de carats), souligne Nikolaï Pokhilenko.
Rien à voir donc avec les mines de Yakoutie, la région russe spécialiste en mines de diamants qui sont estimées à "un milliard de carats". Ceci ferait donc de ce gisement l’un des plus importants au monde. Mais du fait de leur spécificité, ces diamants ne seront pas utilisés en joaillerie. Ils serviront plutôt à mettre au point des technologies scientifiques de pointe, où la demande en matériau de ce type va très certainement exploser. Selon les scientifiques, ceci pourrait même mener à une révolution technologique. De quoi réjouir la Russie qui a aujourd’hui le monopole sur l’approvisionnement de cette matière unique au monde.