Le procureur général de Russie a classé le 10 mars 2020 l’European Endowment for Democracy (EED) « organisation indésirable ». Elle a été ainsi invitée à cesser ses activités en Russie sous peine de prison.
C’est la vingtième organisation interdite en Russie.
L’European Endowment for Democracy (EED) est le pendant de l’Union européenne à la National Endowment for Democracy (NED) des États-Unis, également indésirable en Russie.
Ce dispositif a été conçu par le président Ronald Reagan (1983) pendant la Guerre froide, dans le cadre de la Charte de l’Atlantique (1941). Il s’agissait d’utiliser les trotskistes états-uniens et britanniques contre les staliniens soviétiques afin de réaliser la « révolution mondiale » pilotée par les Anglo-Saxons. Le même décret institue la National Endowment for Democracy (NED) dont le budget est voté avec celui du département d’État et l’US Institute of Peace (USIP) dont le budget est voté avec celui du département de la Défense. Toutes les forces vives des États-Unis furent sollicitées par le président Reagan, incluant celles de gauche, contre l’« Empire du Mal » (doctrine Kirkpatrick). Des organisations sœurs furent crées en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni.
Ce dispositif fut maintenu après la dissolution de l’URSS. Il fut particulièrement efficace pour la préparation de coups d’État médiatisés sous l’appellation de « révolutions colorées ». En 2006, prenant conscience de cette nouvelle forme de guerre secrète, plusieurs pays interdirent les activités de la NED et de l’USIP, dont la Russie. Aussi, la Haute-Représentante de l’Union européenne, la Britannique Catherine Ashton, créa en 2012 l’European Endowment for Democracy pour continuer ce travail. Cette organisation a notamment joué un rôle central dans le coup d’État de l’Euromaïdan (Ukraine 2013).
Après un moment de réflexion, l’Union européenne a émis une protestation contre la Justice russe, le 27 mars.