La Russie compte devenir le premier exportateur mondial de produits non modifiés génétiquement.
La loi vient d’être promulguée en Russie. Dorénavant, « il est interdit de cultiver des plantes et d’élever des animaux dont le programme génétique a été modifié avec l’utilisation du génie génétique ». Sauf pour des expériences à but scientifique, bien sûr. Ainsi, le moratoire introduit en 2014 devient définitif. Or, cette nouvelle législation permet également au gouvernement d’interdire l’importation des OGM à l’issue d’une étude de leur impact sur la population et l’environnement. De quoi barrer la route aux géants occidentaux de la biotechnologie, tels Monsanto.
Plus largement, la loi anti-OGM s’inscrit dans un plan ambitieux du président Vladimir Poutine pour faire de la Russie le plus grand exportateur mondial de produits non modifiés génétiquement et atteindre par la même occasion l’autosuffisance alimentaire d’ici 2020. « Il y a dix ans, nous importions encore la moitié de notre nourriture », rappelait récemment le maître du Kremlin. « Aujourd’hui, la Russie est capable de devenir le principal exportateur (…) d’aliments sains, écologiques et de haute qualité, que les producteurs occidentaux ont perdu depuis longtemps ! »
Mieux que les ventes d’armes !
Les exportations agricoles russes rapportent déjà davantage que les ventes de kalachnikovs et autres matériels militaire, notait le mois dernier l’agence Bloomberg. Le pays a même détrôné cette année les États-Unis, devenant le premier exportateur mondial de blé.
C’est une sacrée bouffée d’air pour une Russie durement affectée par la chute des cours du pétrole, la plongée du rouble, les sanctions financières imposées par l’Occident après l’annexion de la Crimée et la plus longue récession depuis que Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir, il y a seize ans. En tout cas, ce boom agraire lui permet de réduire la dépendance de son pays à l’égard de voisins avec lesquels il est souvent en délicatesse. Ainsi, depuis 2013, les importations de produits alimentaires ont fondu de 40%.
Merci à l’Ukraine et la Syrie
La guerre y est pour beaucoup. Suite à l’embargo russe contre les produits occidentaux (en réponse aux sanctions financières) et celui décrété contre la Turquie (après qu’un avion de combat russe a été abattu à la frontière avec la Syrie), le coût des aliments a pris l’ascenseur dans les magasins et la production intérieure est soudain devenue beaucoup plus rentable. Encouragées par des mesures incitatives, les grandes fortunes russes investissent à tour de bras dans les terres arables. Pour devenir, peut-être, les colosses de demain.