« La Syrie est le seul allié de l’Iran dans le monde arabe. C’est leur voie d’accès à la mer. C’est la route qu’ils empruntent pour armer le Hezbollah et le Liban, ce qui menace bien sûr notre allié, Israël. Et donc de voir la Syrie chasser Assad fait partie de nos priorités » (Mitt Romney, débat présidentiel 23 octobre 2012.)
La République islamique d’Iran a une longue côte maritime sur le golfe Persique, le golfe d’Oman et la mer d’Arabie. L’Iran est un allié de la Syrie mais ils n’ont pas de frontière commune. Afin d’atteindre la mer Méditerranée par voie terrestre en passant par la Syrie, le commerce iranien devrait passer par l’Irak (sous occupation militaire étasunienne) et/ou la Turquie, un allié des États-Unis et bastion de l’OTAN.
Échec épique de Romney D+, diplômé d’Harvard.
Mais analysons une question plus sérieuse :
Quelles sont les conséquences géopolitiques de l’ignorance de Mitt Romney s’il devient président et commandant en chef des États-Unis d’Amérique ?
On se rappelle que George W. Bush, au plus fort de sa campagne électorale en 2000, croyait que les talibans étaient un « groupe rock » :
« Lorsqu’un correspondant de Glamor a demandé au gouverneur Bush ce qu’il pensait des talibans, il a haussé les épaules, perplexe. Le journaliste a dû jouer un peu les souffleurs (“la discrimination envers les femmes en Afghanistan”) pour que Bush se réveille : “Les talibans en Afghanistan ! Absolument. Des représailles. Je croyais que vous parliez d’un groupe rock.”
Le candidat éventuel à la présidence des États-Unis est à ce point bien informé à propos du monde extérieur, même en ce qui concerne les développements actuels très importants qui sont sur toutes les lèvres – c’est-à-dire celles de ceux prétendant le moindrement à la culture – des développements auxquels il devra faire face s’il est élu. » (Moscow News, juillet 2000)
Le prochain président des États-Unis devra prendre des décisions fondamentales de nature diplomatique, stratégique et militaire concernant l’Iran, lesquelles requièrent une compréhension à la fois de la géographie et de la géopolitique.
Les décisions clés seront-elles plutôt prises par Big Oil et Wall Street, acheminées à la Maison-Blanche par de hauts représentants et conseillers présidentiels triés sur le volet et répondant avant tout aux demandes d’intérêts privés dominants ?
Les présidents étasuniens disposent d’une armée de conseillers leur indiquant où se situent géographiquement les ennemis de l’Amérique. Mais qu’arrive-t-il si le président et commandant en chef ne comprend pas le fondement de ces séances d’information ?
Sans connaissance de la géopolitique et plus spécifiquement de la géographie maritime, des « erreurs de caractère militaire » pourraient être commises par le chef d’État.
Le golfe Persique est une voie navigable stratégique liée au Commandement et contrôle des États-Unis (CC).
La golfe d’Oman et le golfe Persique sont fortement militarisés. La Cinquième Flotte étasunienne opère à partir de Manama au Bahreïn et le Commandement central étasunien (USCENTCOM) à partir du Qatar.
Les États-Unis et leurs alliés possèdent plusieurs bases navales adjacentes aux eaux territoriales iraniennes. (Voir la carte ci-dessous)
Il est certain qu’un aspirant au poste de chef d’État étasunien devrait connaître cette réalité, lui qui en plus de la présidence doit assumer le rôle de commandant en chef, comprenant la prise de décisions relatives aux forces navales étasuniennes.
Le golfe Persique constitue la voie d’accès au pétrole du Moyen-Orient. Près de 17 millions de barils transitent quotidiennement par le détroit d’Ormuz à bord de pétroliers, passant du golfe Persique à la mer d’Oman vers l’océan Indien.
Il n’y a pas que l’ignorance en géographie de Mitt Romney qui soit en jeu. Le président et commandant en chef sera appelé à prendre des décisions concernant le déploiement de la puissance navale étasunienne.
Nous devons aussi nous assurer que l’ignorance et l’incompétence du président dans les questions de politique étrangère ne soient pas utilisées pour déclencher une guerre régionale menée par les États-Unis et de l’OTAN qui s’étendrait de la Méditerrané orientale au golfe Persique.
Pour comprendre la géopolitique, il faut connaître la géographie.
Si l’Iran est un État enclavé comme le croit Mitt Romney, l’Iran n’a pas de marine.
Si l’Iran n’a pas de marine, il ne représente pas une « menace » pour la force navale étasunienne sur les voies navigables du Moyen-Orient et de l’Asie.
- Sous-marin iranien fabriqué en Russie
Allô Romney.
L’Iran a non seulement une grande côte maritime longeant le golfe Persique et le golfe d’Oman, il a également une flotte de destroyers, de frégates et de sous-marins.
Au cours des dernières années, en réaction aux menaces des États-Unis, l’Iran a développé sa force navale avec l’aide de la Russie. Toute sa côte maritime est militarisée (voir la carte ci-dessous).
Traduction Julie Lévesque pour Mondialisation.ca