La banque britannique Lloyds Banking Group (LBG), secourue par l’État durant la crise, a dévoilé jeudi un nouveau plan de restructuration drastique, qui la verra supprimer 15 000 postes et quitter plus d’une quinzaine de pays d’ici 2014, en vue d’accélérer son rétablissement.
Comme l’avaient laissé entendre des fuites dans la presse britannique depuis plusieurs semaines, le nouveau directeur général de la banque, le Portugais Antonio Horta-Osorio, arrivé aux commandes en début d’année, veut mettre les bouchées doubles pour redresser les comptes de l’établissement toujours plombé par les séquelles de la crise financière.
LBG, qui constitue un mastodonte sur le marché de détail britannique mais est peu active à l’étranger, est née de la fusion début 2009 entre Lloyds TSB, alors florissante, et sa rivale HBOS (Halifax-Bank of Scotland), qui était à l’inverse criblée de créances « toxiques ».
Cette alliance de raison avait été conclue précipitamment pour sauver HBOS, avec la bénédiction de l’État qui a recapitalisé le nouveau groupe à coup de milliards de livres, et en détient depuis plus de 40%.
Après cette naissance dans la douleur, LBG a subi des pertes colossales, plombée par les créances toxiques de HBOS. Elle est redevenue bénéficiaire en 2010 mais ses comptes ont replongé dans le rouge en début d’année, et dépend toujours très fortement de fonds publics (plus de 70 milliards de livres à la fin mars) pour financer ses activités.
Pour faire en sorte que la banque puisse se passer le plus rapidement possible de l’aide étatique, et recommencer à verser des dividendes à ses actionnaires, M. Horta-Osorio a confirmé une batterie de mesures-choc, dont la principale est la suppression de 15 000 postes sur 106 000 d’ici 2014, soit près d’un salarié sur huit.
Ces suppressions viseront les cadres intermédiaires, la banque voulant simplifier ses structures et raccourcir sa chaîne de commandement.
Lloyds Banking Group va aussi réduire la voilure à l’international : elle quittera « plus de la moitié » des 30 pays étrangers où elle est actuellement présente. La liste n’est pas encore arrêtée.
Et LBG va accélérer la cession promise à Bruxelles de plus de 600 agences bancaires britanniques, espérant trouver un repreneur à la fin de l’année, et en parachever la vente fin 2013.
Ces mesures visent à dégager 1,5 milliard de livres d’économies supplémentaires par an à partir de 2014. Parallèlement, LBG va défendre ses parts de marché au Royaume-Uni en relançant la marque Halifax et en conservant sa filiale d’assurance Scottish Widows.
LBG a promis de limiter au maximum les licenciements, via des départs naturels ou négociés. Mais le premier syndicat britannique, Unite, n’a pas caché sa colère face à ces « coupes arbitraires », alors que LBG a déjà détruit plus de 27.000 emplois depuis sa création.
Ces mesures « vont causer beaucoup d’angoisse et de stress au sein du personnel », et « ne répondent en rien aux défis structurels » de la banque, a dénoncé le syndicat.
En revanche, les investisseurs ont applaudi ce plan, faisant s’envoler le cours de Bourse de la banque, qui a fini en hausse de près de 10%.
Ces coupes claires dans les effectifs, auxquelles s’est ajoutée jeudi la suppression de 700 postes par la banque rivale HSBC, risquent de renforcer le climat de morosité qui ne cesse de s’accentuer au Royaume-Uni.
La croissance britannique est tombée en panne au cours des deux trimestres précédents, et les plans de licenciements se multiplient, notamment dans la distribution.