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La Libye n’était pas l’auteur de l’attentat de Lockerbie

Article initialement publié en mai 2012.

 

Tenu secret cinq ans durant, un rapport de la justice écossaise dévoile le rôle trouble des services anglais et américains dans l’enquête sur l’attentat de 1988, attribué à la Libye, qui avait fait 270 morts.

Dans une précédente livraison (« Kadhafi ne rime pas avec Lockerbie » du 8 janvier 2012), nous évoquions le mystère qui entoure l’attentat ayant provoqué le 21 décembre 1988 la destruction en vol au dessus du village écossais de Lockerbie du Boeing 747 de la Pan Am reliant Londres à New York.

Le crime, attribué par la justice écossaise à des terroristes libyens, s’est soldé le 31 janvier 2001 par la condamnation à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 27 ans, d’Ali Al-Megrahi, membre présumé des services secrets de feu le colonel Kadhafi qui, tout en niant avec force la responsabilité de son pays dans l’attentat, a néanmoins indemnisé les victimes sous la pression de la communauté internationale…

En échange d’une renonciation à former appel de sa condamnation, Al-Megrahi a été libéré le 20 août 2009 pour raison médicale. L’affaire aurait pu en rester là. Il se trouve que ses avocats avaient saisi le 23 septembre 2003 la Scottish Criminal Cases Review Commission (SCCRC), passage obligé en droit écossais avant que l’appel du requérant soit pris en considération.

Le 28 juin 2007, confirmant les doutes émis par les médias anglo-saxons ayant enquêté sur l’affaire quant à la culpabilité d’Al-Megrahi, la SCCRC annonçait, au terme d’une enquête d’une ampleur impressionnante, qu’elle transmettait le dossier à la Court of Criminal Appeal.

Toutefois, en vertu du Data Protection Act britannique et des implications internationales de l’affaire, le rapport de la SCCRC devait rester secret, notamment du fait de l’existence de deux documents top-secrets détenus par l’accusation et dont la Commission avait découvert l’existence. Elle souhaitait les consulter pour les besoins de l’enquête et les divulguer afin qu’Al-Megrahi puisse en prendre connaissance.

C’est finalement le 27 avril 2007 que le représentant de l’accusation a répondu à la Commission que l’autorisation de divulgation était « subordonnée à l’accord des autorités du pays dont provient le document », accord que le pays considéré, invoquant sa « sécurité nationale », n’a jamais donné.

Les États-Unis récompensent le principal témoin à charge

On ne sait si l’indignation l’emporte sur la stupéfaction. Prêtant aux thèses soutenues par l’accusation une oreille plus que bienveillante, la SCCRC va néanmoins examiner avec un soin extrême, la quarantaine d’arguments invoqués par les avocats d’Al-Megrahi pour interjeter appel de sa condamnation à perpétuité. Elle en retiendra finalement six :

- un verdict qualifié de déraisonnable ;
- la non-communication à la défense des conditions irrégulières voire surréalistes dans lesquelles le témoin principal, Anthony Gauci a identifié Al-Megrahi ;
- la non-communication à la défense des compensations financières conséquentes attribuées par l’Oncle Sam au dit témoin et à son frère Paul Gauci ;
- un doute raisonnable sur la date à laquelle ont effectivement été achetés les vêtements chez Mary’s House ;
- la non-communication à la défense des deux documents top-secrets évoqués plus haut ;
- diverses anomalies de procédure pouvant collectivement constituer une erreur judiciaire.

Le badge fantôme de la CIA

Digne des meilleurs romans de John Le Carré, le rapport met en lumière des faits troublants qui, s’ils ne contribuent pas franchement à faire la lumière sur les véritables auteurs du carnage, montrent le rôle trouble des autorités britanniques et américaines, comme en attestent ces quelques extraits d’une interview de Mary Boylan, qui a affirmé avoir trouvé dans les débris un badge de la CIA, badge qui a disparu lors de l’inventaire des éléments récupérés sur le site de l’accident et dont on lui a demandé de ne jamais faire état, le chef de l’enquête Sir John Orr prétendant que les affirmations de Miss Boylan « sont du domaine de la fantaisie et sont un non-sens absolu ».

À noter aussi le fait que la valise de McKee, officier de la DIA présent dans l’avion avec plusieurs collègues, a été forcée, ouverte et fouillée avant d’être examinée par les enquêteurs.

« Les États-Unis n’étaient pas pas seulement dans les coulisses mais en avaient la plupart du temps le contrôle. »

Autant d’éléments qui ne peuvent que renforcer la conviction du lecteur selon laquelle, tout comme son co-accusé Al Amin Khalifa Fimah, Al-Megrahi aurait du sortir libre du tribunal le 31 janvier 2001. La raison d’État en a décidé autrement…

Sur la Libye de Kadhafi, chez Kontre Kulture :

 






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