Le 17 février 2017 a marqué le sixième anniversaire du début du « Printemps arabe » en Libye, transformé en guerre civile. En six ans ce pays nord-africain est passé d’un État épanoui à un pays détruit, pillé et morcelé. Dans un entretien à Sputnik, un cousin du colonel Kadhafi commente la situation et désigne les responsables.
L’Occident a incité et fomenté le conflit interne qui a semé la mort, la destruction et l’humiliation en Libye et doit aujourd’hui réparer les erreurs qu’il a commis, a déclaré dans une interview à Sputnik Ahmed Kadhaf al-Dam, dirigeant politique du Front de la lutte nationale libyenne et cousin de Mouammar Kadhafi.
« Après la reconnaissance par l’ex-président américain Barack Obama de ses erreurs, après les conclusions tirées par la Commission des affaires étrangères de la Chambre des communes du Royaume-Uni et par l’ex-Premier ministre italien Silvio Berlusconi, nous exigeons que des excuses nous soient présentées. Celui qui a commis les erreurs doit les corriger », a-t-il souligné.
Et d’ajouter que même le Conseil de sécurité de l’ONU et de l’OTAN étaient responsables de la tragédie libyenne. « Responsables des transgressions commises en Libye, des destructions énormes que l’infrastructure du pays a subi, des assassinats, du déplacement d’un tiers de la population libyenne, des prisons où restent enfermés des dizaines de milliers de personnes, des blessés, des milliards aussi bien que des monuments antiques, de l’or et de l’uranium dérobés. Mais ce qui est le plus important, de la dignité humiliée des Libyens qui mendient aux quatre coins de la planète », a-t-il pointé.
Il est temps que la communauté internationale présente ses excuses pour tout ce qui s’est passé avec ce pays, estime-t-il. Toutefois, personne n’évoque les prisonniers libyens, personne ne se soucie de la disponibilité des médicaments en Libye et d’autres problèmes engendrés par la guerre. « Les écoles ne fonctionnent pas depuis six ans. Tout ceci est une bombe à retardement ».
Les pires prévisions de Kadhafi se réalisent
Les prévisions les plus pessimistes du défunt leader libyen Mouammar Kadhafi au sujet de l’évolution de la situation dans ce pays africain et dans d’autres pays arabes se confirment, a encore ajouté l’interlocuteur de l’agence.
« Kadhafi était historien et révolutionnaire, riche d’expérience. Il disposait d’informations sur les menaces au Proche-Orient. Ce qu’il prédisait encore dans les années 1980, et ceci est documenté, se produit malheureusement aujourd’hui », a ajouté M. Kadhaf al-Dam.
Il s’est ensuite demandé pourquoi les destructions absurdes et les meurtres se poursuivent après la disparition de Mouammar Kadhafi et du leader irakien Saddam Hussein pourtant considérés par les pays occidentaux comme la source du mal qui rongeait ces deux pays.
L’Occident veut que le conflit se poursuive
L’Occident ne cherche pas à apporter une solution à la crise dans laquelle il a enfoncé ce pays nord-africain. L’interlocuteur de l’agence considère qu’en 2011 l’OTAN est intervenu en Libye en front uni avant de commencer à soutenir des forces opposées aux autorités dans l’est, l’ouest et le sud du pays.
« L’OTAN ne faisait que diriger le conflit sans vouloir y mettre en terme. Il est évident que le projet de l’Occident qui est venu tuer Kadhafi et anéantir la Libye n’est pas encore entièrement accompli. Il (l’Occident, ndlr) continue à nourrir les groupes (armés, ndlr) pour que le conflit perdure le plus longtemps possible », a-t-il explicité.
Et d’ajouter que pour les Libyens il n’y aurait pas de vainqueurs dans ce conflit.
Pas de reconstruction sans dialogue
Personne ne peut prendre part à la construction d’un État sans participer au dialogue visant à apporter des solutions aux problèmes, considère Ahmad Kadhaf al-Dam.
« Nous sommes une composante importante dans la question du règlement libyen. On ne peut pas continuer à ignorer plus de 60 % de la population libyenne. Eux, ils n’ont tout simplement pas encore pris les armes, bien qu’avant ils aient été une véritable armée, police, de vraies personnalités politiques, avocats, représentants des tribus qui n’ont pas accepté de se trahir eux-mêmes », a-t-il conclu.
Arrivé en Libye en février 2011, le soi-disant « Printemps arabe » s’est transformé en conflit civil armé et en une incessante effusion du sang qui a emporté des milliers de vies. Soutenus par l’aviation et la marine de l’OTAN, les insurgés ont réussi à renverser Mouammar Kadhafi qui a dirigé le pays pendant quatre décennies, anéantissant pratiquement un État prospère et centralisé.