Comme tous les 30 avril, la Légion étrangère commémore la bataille de Camerone, au cours de laquelle une poignée de légionnaires placée sous les ordres du capitaine Danjou , résista devant 2.000 cavaliers mexicains, en 1863. Mais cette année marque aussi le 180ème anniversaire de ce corps devenu mythique au fil des combats qu’il a menés tout au long de son existence.
L’idée de créer une formation composée de soldats étrangers au service de la France n’était alors pas nouvelle. Une garde écossaise avait, déjà, servi le roi Charles VII. Le maréchal Maurice de Saxe, qui, comme son nom l’indique, était d’origine allemande, mena l’armée française dans une série de victoire lors de la campagne menée dans les Pays-Bas autrichiens (autrement dit la Belgique) lors de la guerre de succession d’Autriche.
Autre exemple, celui du régiment de hussard du comte hongrois Valentin Ladislas Esterhazy, lequel était un proche de la reine Marie-Antoinette. Cette unité deviendra, pendant la Révolution, le 3ème Hussards. Et puis c’est sans oublier, au cours de cette période, la garde suisse, qui étaient au service du roi de France.
Une première « légion étrangère » fut créée le 1er août 1792 après le vote par l’Assemblée nationale d’un décret formulé ainsi : « Considérant que les circonstances nécessitent une augmentation de force dans les armées, décidons : ‘il sera formé dans le plus bref délai, sous l’autorité du Pouvoir exécutif, une nouvelle Légion, sous la dénomination de « Légion franche étrangère », dans laquelle il ne pourra être admis que les étrangers ».
De nombreux combattants étrangers s’enrôlèrent ainsi dans les rangs français, par idéal républicain. Le Directoire, avec le décret du 22 fructidor an VII, institua la Légion italique, la Légion des « Francs du Nord » (les Belges) et la Légion maltaise. Sous l’Empire, l’Empereur Napoléon Ier en créa d’autres, avec notamment les demi-brigades helvétique, la Légion espagnole ou encore la Légion de la Vistule.
La défaite Waterloo sonna le glas de ces unités d’étrangères. En septembre 1815, ce qui leur restait d’effectifs fut rassemblé dans la Légion Royale, laquelle deviendra, 6 ans plus tard, le Régiment de Hohenlohe, avant d’être dissous le 15 janvier 1831.
Mais le 9 mars 1831, une loi créa la Légion étrangère. Le texte fut suivi d’une ordonnance, signée le lendemain par le roi Louis Philippe, pour en fixer ses statuts. « Il sera formé une Légion composée d’étrangers. Cette Légion prendra la dénomination de Légion étrangère » indique son acte de naissance.
Cette nouvelle formation n’aura pas attendu très longtemps pour connaître ses premiers combats puisqu’elle fut engagée, quelques mois seulement après sa création, en Algérie, pour combattre les cavaliers d’Abd el-Kader. Et c’était ainsi le début d’une histoire de 180 ans, marquée par des faits d’armes remarquables : Sébastopol, Magenta, Camerone, Solférino, Première Guerre Mondiale, avec le Régiment de Marche de la Légion Etrangère, Narvik, Bir Hakeim, les combats de la RC-4 et de Dien Bien Phu en Indochine, Kolwezi…
De nos jours, près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère. Par le passé, son recrutement était souvent fonction des soubresauts du monde. Après la révolution bolchévique de 1917, de nombreux militaires du Tsar ont ainsi rejoint ses rangs, de même que beaucoup d’anciens combattants allemands après 1945.
La Légion étrangère compte actuellement plus de 7.700 hommes, dont 445 officiers, 1.801 sous-officiers, tous issus du rang, et 5.440 légionnaires, répartis dans 10 régiments.
Depuis 1831, 36.000 légionnaires sont morts pour la France. Le conflit indochinois aura été le plus éprouvant pour la Légion étrangère, puisqu’il y a perdu 11.000 hommes, dont 300 officiers.
Cette année, la cérémonie commémorant le 148ème anniversaire des combats de Camerone a pour thème « Par le sang versé ». A cette occasion, la Légion étrangère veur rendre hommage à tous les légionnaires blessés lors des différentes opérations auxquelles elle a participé.
« Commémorer le sang versé par les légionnaires, c’est finalement mettre en exergue une solidarité vivante et forte, dont notre foyer d’entraide est la plus belle expression. Une solidarité qui doit continuer à faire en sorte qu’aucun de ces volontaires étrangers qui ont fait le choix en toute liberté de consacrer une partie de leur existence à la défense de notre pays ne soit laissé pour compte » a expliqué, le général Bouquin, dans l’éditorial du magazine Képi blanc.