Nous sommes le 22 juin 2018, 77 ans jour pour jour après l’invasion de l’URSS par les puissances de l’Axe. Le parallèle s’arrête là, du moins en apparence. L’Europe est pacifiée, mais une nouvelle puissance qui agit un peu comme le pouvoir central moscovite avec ses satellites dirige les 27 pays qui ont signé le traité de l’Union européenne. Au Nord l’argent et les emplois, au Sud le chômage et la dette. Avec la France au milieu et la Grèce sur le côté, dans tous les sens du terme.
Ce que les technocrates de Bruxelles ont appelé « la crise grecque » est, selon eux, officiellement terminé. Sa dette a été allégée, et les programmes d’aides vont être allégés en contrepartie. Le pays le plus secoué par la crise économique mondiale voit le remboursement de sa dette repoussé de 10 ans, de 2022 à 2032.
Le puissant commissaire politique européiste, plus puissant qu’un président de la république française puisqu’il lui impose sa politique économique, exprime ici son sentiment :
Pour la Grèce, ce sont huit ans d’efforts et de sacrifices qui s’achèvent et un nouveau chapitre qui s’ouvre. Pour la zone euro, la conclusion du programme met un point final symbolique à une crise existentielle pour notre monnaie unique, une crise à laquelle elle a survécu.
— Pierre Moscovici (@pierremoscovici) 21 juin 2018
Confirmation du petit ministre français Bruno Le Maire, qui obéit à Macron qui lui obéit à Moscovici :
Une nuit de négociations européennes au Luxembourg, avec au bout du compte unn accord qui permet à la Grèce de tourner enfin la page de 8 ans de programmes d'aides ! #Eurogroupe pic.twitter.com/c08WYfYtRg
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) 22 juin 2018
Cependant, derrière les communiqués de victoire, il y a le réel.
La Grèce doit près de 100 milliards à ses créanciers, les marchés la « surveillent », et 18% de ses créances sont pourris d’après le Huffington Post. Nous apprenons que la Grèce a renoué avec la croissance, aussi fragile soit-elle, et que l’UE lui a accordé une avance de 15 milliards, afin d’éviter qu’elle emprunte sur les marchés financiers, car ces derniers la considèrent comme une mauvaise rembourseuse.
Voilà pour le côté soleil, le côté Mosco.
Le 15 novembre 2018, soit 5 mois après cette étonnante annonce, claironnée par tous les européistes de France et de Bruxelles (il n’y a plus de Navarre), Le Figaro nous apprend que « le gouvernement grec prévoit de privatiser des centaines de vestiges archéologiques ». Texto.
« Et la liste des vestiges archéologiques répertoriés par le ministère des Finances, pour être transmise au Taiped (le fonds de privatisations), ne s’arrête pas à ces deux monuments historiques [Le palais de Cnossos, en Crète, à l’origine du mythique labyrinthe du Minotaure, et le tumulus du roi Philippe II de Macédoine, père d’Alexandre le Grand]. On y trouve aussi la Tour blanche de Thessalonique, ancienne prison et haut lieu symbolique des Balkans, le site préhistorique de Santorin, les sites archéologiques de Sparte, de Salamine ou d’Éleusis ainsi que bon nombre de musées archéologiques, les forts des villes d’Arta, Patras, Trikala et même celui de l’île de Corfou, classé par l’Unesco. »
Merde, il s’agit quand même de symboles forts de notre civilisation ! Et l’on voit le lien entre l’article précédent et la découpe du pays... avec ce « fonds des privatisations » que l’on devine piloté en sous-main par les créanciers de la Grèce, à savoir le FMI, les pays donateurs de l’UE et la BCE.
C’est le pendant du moratoire : vous allez devoir vendre les plus beaux morceaux de votre patrimoine à la finance internationale, car il s’agit de ça.
« La décision de transférer ces vestiges au fonds Taiped a été prise le 19 juin dernier, alors que la Grèce préparait sa sortie de la tutelle budgétaire de l’Union européenne et du FMI. Dans un souci d’afficher une importante réserve de richesses, le gouvernement grec a placé près de 10.000 biens publics en tous genres dans le Fonds de privatisation. Ce catalogue garni d’actifs ne pouvait que favorablement impressionner les créanciers du pays, qui ont apposé, en août, leur tampon de sortie de huit années de programmes d’aide financière. Mais c’était sans compter sur la grogne des archéologues et de dizaines de maires du pays qui se sont immédiatement mobilisés pour demander une annulation de ce transfert. »
En gros, la Grèce fout l’Acropole au clou, chez Ma Tante ! Le plus paradoxal dans cette affaire, c’est que les archéologues qui veulent évidemment protéger le patrimoine de la Grèce – et donc de l’Europe ! – saisiront éventuellement la justice européenne si le gouvernement grec, totalement soumis au diktat européiste, fait la sourde oreille !
George Patoulis, président de l’Union des maires de Grèce, décrit la menace :
« Ce serait une violation de l’histoire de l’humanité, surtout si des multinationales construisent des parcs d’attractions entre les statues pour divertir un tourisme de masse. »
On a découvert trop tard qu’il s’agissait d’une pub SNCF, mais on n’a rien sans rien : les autres vidéos sur Athènes étaient en anglais.