L’Iliade, pourquoi et comment
L’Iliade, le « poème d’Ilion », autre nom de la ville de Troie en Asie Mineure, est un fragment d’une vaste épopée, le Cycle troyen, qui raconte sous forme de chants les événements qui ont conduit, plus de mille ans avant notre ère, au siège de la ville par les Grecs, puis à sa chute, et narre enfin le difficile retour de quelques héros dans leur cité ; seul le récit de celui d’Ulysse, l’Odyssée, est arrivé, avec l’Iliade, jusqu’à nous.
Ces épopées homériques, du nom d’Homère à qui on les attribue, sont les plus anciens textes de la civilisation hellénique qui nous soient parvenus ; aussi sont-elles également et surtout un fragment de notre mémoire collective. Vieilles d’environ 2 800 ans et issues de la tradition orale, elles sont au fondement de la littérature grecque antique et ont inspiré aussi bien la littérature romaine que des auteurs contemporains, mais aussi, au fil des siècles, des sculpteurs, des peintres, des musiciens, des auteurs de bandes dessinées, des cinéastes et des tragédiens.
Rédigées suivant un schéma de versification dit « hexamètre dactylique », l’Iliade et l’Odyssée ont été traduites par de nombreux hellénistes, certains privilégiant la fidélité au texte, d’autres s’attachant à retrouver la musicalité du chant. Afin de rendre la lecture la plus agréable possible, nous avons choisi un traducteur (Eugène Bareste) qui avait eu, au XIXe siècle, le même souci que nous en transcrivant ces vers en prose, tout en conservant les tournures et épithètes propres au chant, facilitateurs de mémorisation aussi bien que d’improvisation : « Héra aux bras blancs », « Athéna aux yeux d’azur », « Troyens dompteurs de coursiers »…
Malgré les grandes qualités de cette traduction, nous avons procédé à quelques adaptations mineures, en nous inspirant d’autres traductions qui rendaient le texte plus clair. Ainsi, ce passage, qui nous semblait mal indiquer que c’est parce qu’Achille est le fils d’une déesse et que le fils de Priam (Hector) est celui d’une mortelle que la comparaison entre les deux héros est à l’avantage du premier. Nous avons trouvé chez Mario Meunier (1880-1963) une traduction qui mettait mieux cette opposition en avant : « Mais Hector est mortel, et c’est d’une femme qu’il suça la mamelle, tandis qu’Achille est né d’une déesse », dont nous nous sommes inspirés :
Traduction originale : Mais le fils de Priam est un faible habitant de la terre qui s’est nourri au sein maternel, tandis qu’Achille a reçu le jour d’une déesse.
Traduction modifiée : Mais le fils de Priam est un faible habitant de la terre, et c’est d’une femme qu’il suça la mamelle, tandis qu’Achille a reçu le jour d’une déesse.
Toujours dans l’idée de faciliter la compréhension du texte, nous avons ajouté quelques arbres généalogiques, une carte indiquant les lieux évoqués et la liste des principaux dieux et héros, avec leur surnom quand ils en ont un, leur filiation et leurs attributs. Et surtout de nombreuses notes de bas de page, afin de mieux connaître les personnages lorsqu’ils apparaissent dans le texte, ou aider à comprendre une qualification ou une allusion à d’autres événements.
Car l’Iliade fait partie d’une vaste mosaïque de mythes, de légendes, de poèmes que l’on appréhende d’un côté ou d’un autre, qui se renvoient les uns aux autres et dessinent une fresque aux contours indéfinis, se mêlant à d’autres mythes provenant aussi bien de Perse ou d’Asie Mineure que d’Égypte, ou encore, en allant vers le nord, du peuple mythique des Hyperboréens. Et peut devenir, lorsqu’on s’y plonge, le début d’un long voyage...
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