La situation autour de la Syrie ressemble de plus en plus au cas libyen. Le président français François Hollande estime qu’il est nécessaire de durcir les sanctions contre les autorités syriennes en allant même jusqu’au recours à la force « dans le cadre de la Charte des Nations unies ».
Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, est allé, lui, encore plus loin en appelant à interdire les vols au-dessus de la Syrie. Pour lui le régime de Bachar al-Assad est un régime « assassin » et la Russie est un pays qui livre des armes à Damas. Sur ce dernier point le ministre français est d’ailleurs d’accord avec la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton.
Paris hausse le ton à l’égard de Damas et de Moscou. Cela est significatif et témoigne de la montée en puissance des tendances extrêmement dangereuses. Il ne faut pas oublier que c’est la France qui a déclenché, organisé et commandé l’opération de l’OTAN en Libye même si les États-Unis étaient très présents lors de l’élaboration du plan de l’intervention. En Libye cela fut un succès en permettant à Barack Obama de faire des économies et en donnant au président Sarkozy la possibilité de s’essayer dans le rôle de « libérateur du peuple libyen de la tyrannie du régime Kadhafi ».
Et voici que le nouvel occupant du Palais de l’Elysée – qui, jadis, critiquait si passionnément son prédécesseur pour son aventurisme dans les affaires tant intérieures qu’extérieures – semble maintenant s’être trouvé sa petite guerre avec une victoire garantie. L’opinion d’Ajdar Kourtov de l’Institut russe des études stratégiques :
« Toutes ces accusations adressées à Assad témoignent de ce que la Syrie est assignée au rôle d’une autre victime de l’expérience menée par les États-Unis au Proche-Orient. Quant à la Russie et la Chine, leur statut du membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU leur donne la possibilité d’au moins empêcher la légitimation des efforts déployés par les États-Unis qui visent à déstabiliser et à renverser le régime Assad par des moyens militaires. Ce qui s’est passé en Libye, ne doit pas se reproduire en Syrie ».
Si le scénario libyen se reproduit en Syrie, la crise interne dans ce pays risquera d’aboutir à un grand conflit régional qui sera habilement manié par les États-Unis et leur alliés afin d’assoir leur emprise sur la politique internationale y compris en ce qui concerne le pétrole et le gaz.