La chaîne rendue riche par les abonnements de millions de Français « moyens » dont elle se moque à longueur de journée va mal, tout le monde le sait. Son karma pourri l’a rattrapée. Comment ses animateurs pouvaient-ils une seconde ne pas penser que leur public allait finir par découvrir l’arnaque, établir la connexion entre la propagande pro-système et le mépris de classe ?
Aujourd’hui, plus personne ne veut payer une somme astronomique pour de la propagande, fût-elle bien ficelée. Car les sketches sont joliment troussés, il y a encore de l’argent qui dégouline dans les prods, malgré les tours de vis et de vice du tueur de coûts en chef, Vincent (dit Vingt sous) Bolloré. C8, la petite chaîne, rapporte beaucoup plus de fric relativement à sa taille. Pour cela, il faut faire du hanounisme, c’est-à-dire du rabaissement moral, intellectuel et spirituel, mais ça, c’est pas ce qui arrête les responsables de ce média.
Ceci étant dit, on sent que le rabaissement touche tout le monde, dans la maison Canal. Après la normalisation de l’info, qui a vu partir ses éléments les plus indépendants ou les moins manipulables, voici l’achèvement de la normalisation de l’humour, qui était encore symbolisé par Groland. Pondre le sketch qui va suivre en 2017, 20 ans après Karl Zéro qui était stipendié pour faire de l’antilepénisme primaire, malgré ses convictions personnelles à 100 lieues de la gauche – on appelle ça du cynisme ou du commerce – c’est tout bonnement le signe de la fin pour la bande à Moustic et Delépine. Après la mort des Guignols, il était temps d’éteindre la lumière sur la fausse subversion, qui aura quand même abusé des millions de Français.
Aujourd’hui, les sketches des Guignols et de Groland font un bide sur le Net, là où se trouve le nouveau public, soit les jeunes et les adultes ouverts d’esprit. A ceux-là, il sera difficile de vendre de la propagande pas drôle à 34 euros 90 par mois ! Les animateurs des émissions de propagande humoristique n’auront pas compris une chose essentielle, c’est qu’on ne tape pas sur un phénomène qui monte, parce que cela le nourrit. On peut taper sur un truc en décroissance, ça l’achève.
Les faux humoristes ou humoristes-système seront balayés par ce qui monte, et ils se retrouveront avec l’étiquette infamante de « collabos ». Comme Stéphane Guillon, le symbole du manque de talent comblé par de la bassesse. La honte éternelle.
Un sujet Made in Groland de 2014 sur la dédiabolisation du FN au moment des élections municipales. On se croirait aux Inrocks ou au Monde, avec juste trois grammes d’humour (et de coke) en plus :