Malgré l’engagement d’Emmanuel Macron, fin 2017, visant à « apporter un toit » à tous les sans-abri, 300 000 personnes dorment encore à la rue dans l’Hexagone selon la Fondation Abbé-Pierre. Un chiffre qui inquiète par sa récente progression.
À l’approche de la période hivernale, fatale à de nombreux sans domicile fixe, le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre alerte le 15 novembre 2020 dans les colonnes du Journal du Dimanche (JDD) sur l’explosion depuis 2012 du nombre de personnes sans abri dans l’Hexagone.
« Le chiffre actuel tourne autour de 300 000 SDF. Cela signifie deux fois plus qu’en 2012 et trois fois plus qu’en 2001. C’est effrayant ! […] Ce chiffre doit être un électrochoc », fait valoir Christophe Robert auprès de nos confrères. La dernière étude de l’Insee à ce sujet faisait état en 2012 de 143 000 sans logis en France.
En se basant sur les travaux préparatoires du prochain rapport annuel sur le mal-logement, la Fondation Abbé-Pierre estime à 185 000 le nombre de personnes occupant les centres d’hébergement, à 100 000 ceux dans les lieux d’accueil pour migrants et à 16 000 dans les squats et bidonvilles.
Christophe Robert redoute une vague d’expulsions dès la fin de la trêve hivernale. « Avec la crise économique et le chômage de masse, beaucoup de gens risquent de ne plus pouvoir payer leur logement […] Et les expulsions vont reprendre à partir du 1er avril prochain. Nous devons anticiper cette bombe à retardement », ajoute-t-il, réclamant « la création d’un fonds d’aide au paiement des loyers et des charges doté de 200 millions d’euros ». Il demande également la construction de 150 000 logements sociaux par an.
Selon lui, plus de 9 000 places supplémentaires d’hébergement ont été ouvertes, mais la situation reste « très tendue ».
Ces annonces tranchent avec l’engagement pris par Emmanuel Macron lors des premiers vœux de son mandat, fin 2017. « Je veux que nous puissions apporter un toit à toutes celles et tous ceux qui sont aujourd’hui sans abri. Le gouvernement s’est beaucoup engagé ces derniers mois dans cette direction et a beaucoup amélioré les choses, mais il y a encore des situations qui ne sont pas acceptables […] Nous continuerons donc l’effort indispensable pour réussir à pleinement respecter l’engagement que j’ai moi-même pris devant vous », avait-il assuré face aux Français (à partir de 56 secondes).
Presque trois ans après cette déclaration d’intention, force est de constater que l’objectif fixé par le président de la République est loin d’être atteint. Il avait d’ailleurs déjà reconnu en février 2018 ne pas avoir « réussi » à tenir cet engagement.