Par Nicolas Lebourg.
Comme Dieudonné, certains penseurs d’extrême droite européens ont déjà été fascinés par le passé par des régimes d’extrême gauche. Davantage par intérêt stratégique que par véritable conversion idéologique.
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L’agitateur est sous les projecteurs depuis le début du mois, après avoir été invité par Kim Jong-un à célébrer avec Alain Soral la fête nationale à Pyongyang le 9 septembre dernier. Cette visite largement commentée donnera même lieu à la mise en ligne ce lundi 25 septembre d’un clip se voulant être un hymne à la paix. Deux performances qui témoignent de la capacité certaine de Dieudonné à savoir se positionner comme un réceptacle des représentations politiques.
Car son voyage en Corée du Nord renvoie aux relations complexes entre communismes asiatiques et extrêmes droites européennes – rappelons que Dieudonné et Alain Soral ont fondé en 2015 un parti politique, Réconciliation nationale, qui, pour l’instant, n’a pas eu d’activité. Ces connexions avaient dans le temps amené la presse italienne des années 1970 à inventer un néologisme qui eut à l’époque un certain retentissement : le « nazi-maoïsme ». Et le cas nord-coréen s’avère particulièrement délicat en la matière.
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Ce qui fait l’essence et l’originalité profonde du régime nord-coréen est bien moins que marxiste-léniniste. Il est tout entier orienté par son idéologie – le juche –, dont les deux principes fondamentaux sont « l’autonomie » et « l’armée d’abord », articulés dans un ethno-nationalisme particulièrement tranchant. Outre la mystique du leader censé être un génie, un athlète, une bombe sexuelle, et tutti quanti, sont mises en avant des valeurs néoconfucéennes : respect de la tradition, des ancêtres, de la famille. L’ensemble de ces traits irrationnels est suractivée par la paranoïa entretenue vis-à-vis de « l’impérialisme américain » : les Nord-Coréens composeraient une unité organique totalisée et assiégée.
Combattre l’ordre géopolitique actuel
Cet état de siège est parfois levé par le régime pour recevoir quelques Occidentaux, dont des personnalités d’extrême droite. Ce ne sont pas forcément les plus connues du grand public : ce fut le cas de l’éditeur et ex-militant (de la tendance euro-régionaliste) Jean Picollec en 2010. Celui-ci y alla par curiosité, mais ne rendit pas d’hommage. Ce ne fut pas le cas d’Alain Soral, qui cet été célébra le caractère « national-socialiste » de la dictature. C’est là conforme à l’usage provocateur de l’expression « national-socialiste », qu’Alain Soral applique à sa propre personne alors qu’il n’est pas néo-nazi. Mais il montrait ainsi avoir saisi que ce régime fait d’acier est un ethno-nationalisme opposé à l’ordre géopolitique actuel dans sa structure mais aussi dans ses valeurs.
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Revoir les explications d’Alain Soral sur le national-socialisme français :