En janvier dernier, le président Obama a confirmé ce qui était pressenti depuis quelques temps, à savoir que la région Asie-Pacifique allait devenir une priorité pour le Pentagone. En clair, il s’agit pour l’armée américaine d’y accroître sa présence dans cette zone, appelée à devenir, selon Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat, le « moteur clef de la politique internationale », afin d’y contrer l’influence et la puissance de la Chine, lutter contre la prolifération nucléaire et balistique et garantir la libre circulation des voies maritimes.
Par ailleurs, cette région est marquée par de multiples différends territoriaux, notamment en mer de Chine méridoniale, avec les archipels Spratleys et Paracels. Le Japon est également concerné avec les îles Senkaku, qui, bien que contrôlées par Tokyo, sont revendiquées par Pékin, et les Kouriles, où la souveraineté russe est contestée les autorités nippones. Et à cela s’ajoute le problème posé par les activités nucléaires de la Corée du Nord.
Les Etats-Unis, alliés notamment du Japon, de la Corée du Sud ou encore des Philippines comptent développer leur coopération militaire avec plusieurs pays de la région. Et comme l’on peut s’y attendre, la Chine voit tout cela d’un très mauvais oeil, elle qui développe les capacités de projection des forces armées, avec la mise sur pied d’un groupe aéronaval autour du Shi Lang et la conception du J-20, un avion censé être furtif ainsi que du missile balistique anti-navire Dongfeng 21-D dont l’entrée en service serait de nature à changer la donne tactique étant donné qu’il pourrait frapper un porte-avions à 1.500 km de distance.
La Russie est également intéressée par la région Asie-Pacifique, qui, en 2011, a représenté 43% de ses exportations militaires, notamment grâce à l’Inde, qui a par ailleurs des contentieux avec la Chine. Cela étant, cela n’empêche pas Moscou de coopérer avec Pékin dans le domaine militaire.
Ainsi, les deux pays viennent de commencer des manoeuvres navales conjointes en mer Jaune, près des côtes chinoises, au large de la ville de Qingdao (province de Shandong). Ces exercices, prévus pour durer une semaine, « ont pour but de maintenir la paix régionale et la stabilité », selon le ministère chinois de la Défense.
Côté russe, 4 navires appartenant à la Flotte du Pacifique, basée à Vladivostok, seront engagés dans ces manoeuvres. Il s’agit du croiseur lance-missiles Varyag et des destroyers Maréchal Shaposhnikok, Amiral Panteleyev et Amiral Vinogradov. Quant à la marine chinoise, elle va déployer 16 bâtiments de surface ainsi que deux sous-marins.
Des avions et des élements des forces spéciales appartenant aux deux pays seront également mobilisés afin de livrer un exercice antiterroriste commun visant à libérer un navire piraté. L’escorte de bateaux commerciaux, la défense de convois contre des attaques aériennes et par mer et la lutte anti-sous-marine sont également au programme.
Ce n’est évidemment pas la première fois que les forces armées russes et chinoises travaillent ensemble. Ainsi, en 2005, des manoeuvres conjointes importantes, appelées « Mission de Paix », avaient été menées dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shangaï (OCS), avec la participation de 10.000 militaires, dont 1.800 soldats russes.