La Chine a affiché vendredi son triomphe face au coronavirus, en ouvrant, avec deux mois et demi de retard, la grand-messe annuelle du pouvoir communiste. « Nous avons obtenu une réussite stratégique majeure dans notre réponse au Covid-19 », a clamé le Premier ministre, Li Keqiang, au commencement de la session plénière de l’Assemblée nationale populaire.
Sans les territoires de Hong Kong et Macao, l’épidémie a officiellement fait en Chine, depuis la fin décembre, 82 971 victimes dont 4634 décès et 78 255 guérisons.
Le pays à l’origine de l’épidémie, toujours accusé par le président américain d’avoir provoqué cette « tuerie de masse » mondiale, et dont plusieurs villes restent confinées, estime avoir maîtrisé le coronavirus et s’attelle désormais à la « tâche immense » de relancer son économie.
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Face aux 3000 députés réunis ce vendredi [22 mai 2020] dans le cadre solennel du Palais du peuple, siège du Parlement chinois qui donne sur la place Tian’anmen, le Premier ministre a reconnu que cette lutte contre le virus « s’est payée d’un prix élevé ». Le PIB du premier trimestre a décru de 6,8 %, une première dans l’histoire de la République populaire.
Le pays va laisser filer son déficit cette année à 3,6 % du PIB (contre 2,8 % l’an dernier). Le Premier ministre a annoncé l’émission d’un emprunt d’Etat de 128 milliards d’euros, auquel s’ajoute un vaste plan d’investissement de 481 milliards d’euros.
Signe de l’incertitude à laquelle le pays est confronté, Li s’est abstenu de fixer un objectif de croissance pour l’année en cours - encore une première dans l’histoire récente. Pékin prévoit cependant d’augmenter ses dépenses militaires de 6,6 % cette année, a annoncé le ministère des Finances. L’an dernier, ce poste avait augmenté de 7,5 %.
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Mais, tandis que le monde est accaparé par le coronavirus, Pékin entend profiter de sa session parlementaire pour imposer sa volonté à Hong Kong. La Chine mettra en place un système juridique « sain », a fait valoir le Premier ministre, secoué l’an dernier par un colossal mouvement de protestation contre le gouvernement local pro-chinois. Une proposition de loi a été déposée vendredi pour permettre au gouvernement central d’appliquer une « loi de sécurité nationale » dans le territoire autonome, restitué par le Royaume-Uni à la Chine en 1997, sans passer par le Conseil législatif local.
[...] Le texte « anti-subversion » devrait être voté jeudi prochain. Ce qui laisse augurer de nouvelles manifestations à Hong Kong.
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