Egalité et Réconciliation
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La BBC s’inquiète du sort de la classe ouvrière blanche

Où est donc passée la classe ouvrière blanche britannique ? Avec l’écrasement de la grève des mineurs par Margaret Thatcher en 1985, l’irrésistible ascension de la classe moyenne "blairiste", l’avènement du multiculturalisme et l’immigration de masse des pays de l’Est, les cols bleus de souche ont disparu du paysage politique et social, s’inquiète la BBC. Le retentissement de plusieurs émissions de la chaîne publique sur le thème de "la tribu oubliée" souligne l’ampleur de cette cassure.

"Notre objectif est d’analyser ce qui est advenu de cette classe sociale durant une période de changements dramatiques qui a bouleversé le pays. Sa voix est devenue inaudible", explique Richard Klein, le producteur de "The White Season", une série de reportages chocs consacrés à l’aliénation des petits Blancs britanniques. Pour une raison ou une autre, les ouvriers, vivant majoritairement à Londres et dans le nord du pays, attribuent à l’immigration, à la construction européenne, au multiculturalisme l’origine de leurs problèmes.

La révolte sourde des habitués du Wibsey Working Men’s Club, un club d’anciens mineurs de Bradford, dans le Yorkshire, constitue un terreau fertile aux thèses du BNP, le British National Party, équivalent du FN français, très actif à l’échelle locale.

Son programme met en évidence la colère, l’ignorance, les frustrations et la peur de l’avenir des Blancs "d’en bas" qui se déclarent trahis par le New Labour au pouvoir depuis 1997. Sans parler du racisme, affiché et sans complexes. Ainsi, à Barking, à l’est de la capitale, un vieux cockney déclare ne pas vouloir de voisins noirs tout en reconnaissant que son beau-fils est antillais...

L’écrivain Michael Collins nuance le tableau. A lire l’auteur de The Likes of Us : a biography of the White Working Class, la majorité de la classe ouvrière blanche a profité de la formidable croissance économique de l’ère Thatcher-Blair pour quitter ses quartiers de prédilection du centre-ville. "Les cols bleus ont recréé leurs institutions dans de nouveaux territoires, dans les confins des banlieues, le pub, le bingo, le foot", écrit-il. Restent les "perdants" blancs, les travailleurs les moins qualifiés et les retraités : ils cohabitent aujourd’hui avec les minorités noires et asiatiques qui dominent désormais les zones populaires des grandes villes anglaises.

Cet exode blanc "à l’américaine" des villes inquiète le président de la commission pour l’égalité raciale et les droits de l’homme, Trevor Phillips, qui redoute son impact sur des relations communautaires déjà très fragiles.

Le Monde