L’opposant égyptien Mohamed ElBaradei est rentré jeudi soir au Caire avec l’intention de participer aux manifestations contre le régime du président Hosni Moubarak, a-t-il affirmé à son arrivée.
"C’est un moment critique dans l’histoire de l’Egypte. Je suis venu ici pour participer avec le peuple égyptien" aux manifestations contre le régime du président Hosni Moubarak qui agitent le pays depuis trois jours, a déclaré M. ElBaradei à son arrivée. De nouvelles manifestations, qui s’annoncent "massives" selon M. ElBaradei, sont prévues après la prière du vendredi à travers l’Egypte, le plus peuplé des pays arabes. "La volonté de changement doit être respectée. Le régime ne doit pas utiliser la violence dans les manifestations", a-t-il ajouté dans une brève déclaration en arabe. "Si la population veut que je mène la transition, alors je ne la décevrai pas", avait-il déclaré devant des journalistes à l’aéroport de Vienne, avant de prendre un avion pour Le Caire.
Les manifestations, qui ont débuté mardi, sont les plus importantes depuis l’arrivée au pouvoir en 1981 de M. Moubarak, 82 ans, critiqué notamment pour n’avoir jamais levé l’état d’urgence en place depuis près de 30 ans. Elles ont ce jeudi font un 7ème mort, et entraîné un millier d’arrestations.
Dans le nord du Sinaï, un manifestant de 22 ans, Mohamed Atef, a été mortellement atteint d’une balle dans la tête lors d’un échange de tirs entre des manifestants bédouins et les forces de sécurité, ont indiqué des témoins.
A Suez (nord-est), des manifestants ont par ailleurs mis le feu à une caserne de pompiers après avoir lancé des cocktails molotov sur la police, a constaté un photographe de l’AFP.
Les jeunes militants à l’origine des manifestations, inspirés par la révolte tunisienne qui a chassé du pouvoir le président Zine El Abidine Ben Ali, ont appelé à de nouvelles mobilisations après les prières hebdomadaires de vendredi.
Conséquence du mouvement, la Bourse du Caire a accusé une forte chute jeudi, contraignant à une suspension provisoire qui n’a pas permis d’enrayer la baisse. Elle a clôturé en recul de plus de 10%. La veille, le principal indice EGX 30 avait accusé une baisse de 6%.
L’ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, devenu une figure de l’opposition, devait arriver jeudi soir en Egypte.
"Si la population veut que je mène la transition, alors je ne la décevrai pas", a-t-il déclaré devant des journalistes à l’aéroport de Vienne, avant de prendre un avion pour Le Caire. Le prix Nobel de la paix a ajouté vouloir participer aux nouvelles manifestations prévues vendredi, qui s’annoncent selon lui "massives", et "s’assurer que tout se passe de manière pacifique et régulière".
Les manifestations, qui ont débuté mardi, sont les plus importantes depuis l’arrivée au pouvoir en 1981 de M. Moubarak, 82 ans, objet de critiques pour n’avoir notamment jamais levé l’état d’urgence en place depuis près de 30 ans.
"Si le régime venait à recourir à la force, cela serait complètement contre-productif. Cela conduirait à une situation terrible", a jugé M. ElBaradei. Ce dernier ne dispose pas d’un parti reconnu, mais a formé un mouvement, l’Association nationale pour le changement, qui plaide pour des réformes démocratiques et sociales, et soutient les manifestations.
M. ElBaradei est la plus connue des personnalités d’opposition à soutenir publiquement le mouvement de protestation. Outre l’attaque d’une caserne de pompiers, des accrochages ont opposé dans l’après-midi plusieurs centaines de manifestants aux forces de l’ordre à Suez, ainsi qu’à Ismaïliya, une cinquantaine de kilomètres plus au nord sur le canal de Suez.
A Suez, les manifestants réclamaient la libération des personnes arrêtées mardi et mercredi, quelque 75 selon une source au sein des services de sécurité.
Paris a appelé jeudi Le Caire à respecter la liberté d’expression et le Canada a dit souhaiter le développement de la démocratie en Egypte, mais "d’une façon pacifique et non violente". Les Etats-Unis, l’Union européenne et l’ONU avaient appelé le gouvernement égyptien à écouter les demandes du peuple.
Au total, cinq manifestants et deux policiers sont morts et des dizaines de personnes ont été blessées depuis mardi. Selon un responsable des services de sécurité, "au moins mille personnes ont été arrêtées à travers le pays".
Jeudi, la police était massivement présente dans le centre du Caire. Mercredi, elle avait pourchassé les manifestants dans les rues, faisant usage de gaz lacrymogènes, de matraques et même de pierres. Les protestataires jetaient aussi des pierres sur les forces anti-émeutes.