La SNCF est en lice pour construire des lignes à grande vitesse aux Etats-Unis. Mais le souvenir des trains de la déportation pourrait peser lourd. La Californie a voté une loi exigeant la transparence. La Floride va examiner le rôle historique de la SNCF.
La Floride compte se doter prochainement d’un train à grande vitesse et la SNCF est naturellement sur les rangs. Avec pourtant un handicap sérieux, historique, dont il est difficile de se défaire : l’ombre de la Shoah. C’est en train que les Juifs de France déportés lors de la Seconde guerre mondiale ont été transportés jusqu’aux camps de concentration. Ces trains étaient ceux de la SNCF.
Le gouverneur de Floride, Charlie Crist, a fait savoir que son Etat allait enquêter sur le rôle de la SNCF dans la déportation des Juifs dans le cadre de l’attribution de ce fameux contrat de train à grand vitesse. L’élu a indiqué avoir été informé "d’inquiétudes" concernant le "rôle" de la SNCF "dans la Shoah". En conséquence, "j’ai demandé à notre secrétaire au Transport Stephanie Kopelousos et à son équipe d’examiner cette information et de veiller à ce que tous les aspirants participants au projet de train à grand vitesse en Floride répondent aux critères définis par les lois fédérales et de l’Etat".
"2000 cheminots exécutés par l’occupant nazi"
La demande du gouverneur intervient après le vote fin août en Californie d’une loi imposant à tout candidat à un gros contrat dans la future ligne à grande vitesse entre Los Angeles et San Francisco d’expliquer son rôle éventuel dans le transport des prisonniers vers les camps de travail, de concentration ou d’extermination entre 1942 et 1944. La loi, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier prochain, stipule que l’obligation de transparence sera l’un des éléments pris en compte par les autorités dans l’attribution des contrats estimés à 43 milliards de dollars. S’il ne la cite pas nommément, la loi vise avant tout la SNCF.
La SNCF est de son côté prête à ouvrir ses archives aux Américains pour se conformer à cette loi locale, a indiqué dimanche dernier son président. "Il y a 20 ans nous avons ouvert toutes nos archives, il y a eu des colloques, des travaux" et "nous allons ouvrir tout ça aux Américains", a souligné Guillaume Pepy. "Mais il ne faut pas oublier une chose : la SNCF, les cheminots, étaient sous le joug de l’occupant nazi, sous menace de mort" et "2000 cheminots ont été exécutés par l’occupant nazi", a-t-il souligné.