"Le problème, avec les publicités américaines, c’est qu’elles sont omniprésentes et envahissantes. La plupart des chaînes en passent toutes les cinq ou six minutes. CNN, d’après moi, se compose exclusivement de pauses publicitaires. Comme cette dernière constatation me semblait une généralisation hâtive, je viens de consacrer une demi-heure (je ne vous compterai pas de supplément) à suivre attentivement un programme typique de CNN, et je vous livre mes résultats.
En trente minutes, la chaîne a interrompu l’émission cinq fois pour diffuser vingt spots publicitaires. Au total, elle a consacré dix minutes à la pub dans un créneau de trente minutes. [...] A l’attention des spectateurs victimes d’un début d’Alzheimer en cours d’émission, trois spots ont été bissés. Et ceci, je m’empresse de le préciser, est absolument normal. Hier soir, une des chaînes a programmé Le Fugitif et je me suis livré au même exercice. Pour regarder cent minutes de films, il faut se payer cinquante minutes de publicité réparties en vingt séries, soit une moyenne d’une pub toutes les sept minutes. Selon Neil Postman, dans son livre Amusing Ourselves to Death [S’amuser à en crever], l’Américain moyen est exposé à mille publicité télévisées par semaine. Parvenu à l’âge de 18 ans, le jeune Américain en aura suivi, les yeux exorbités, pas moins de 350’000. [...] Bref, aux Etats-Unis, on n’échappe pas à la publicité – et pas seulement chez soi.
Je suis navré de vous apprendre que des milliers d’écoles américaines dépendent désormais, du moins en partie, de matériel éducatif fourni par de grandes entreprises, si bien que les enfants suivent des cours de nutrition financés par Mc Donald’s et découvrent la protection de la nature et de l’environnement grâce à Exxon. Depuis 1989, Channel One offre aux écoles des programmes éducatifs en circuit fermé. Lesdits programmes sont gratuits mais truffés de publicités visant spécifiquement le jeune public. Pour moi, c’est de l’exploitation pure et simple et de la manipulation caractérisée, mais mon point de vue semble largement minoritaire. Channel One connaît un énorme succès et équipe 350’000 salles de classe."
Bill Bryson, "American Rigolos : Chroniques d’un Grand Pays", Payot, 2001, p.112-114
Source : Côté Rue
En trente minutes, la chaîne a interrompu l’émission cinq fois pour diffuser vingt spots publicitaires. Au total, elle a consacré dix minutes à la pub dans un créneau de trente minutes. [...] A l’attention des spectateurs victimes d’un début d’Alzheimer en cours d’émission, trois spots ont été bissés. Et ceci, je m’empresse de le préciser, est absolument normal. Hier soir, une des chaînes a programmé Le Fugitif et je me suis livré au même exercice. Pour regarder cent minutes de films, il faut se payer cinquante minutes de publicité réparties en vingt séries, soit une moyenne d’une pub toutes les sept minutes. Selon Neil Postman, dans son livre Amusing Ourselves to Death [S’amuser à en crever], l’Américain moyen est exposé à mille publicité télévisées par semaine. Parvenu à l’âge de 18 ans, le jeune Américain en aura suivi, les yeux exorbités, pas moins de 350’000. [...] Bref, aux Etats-Unis, on n’échappe pas à la publicité – et pas seulement chez soi.
Je suis navré de vous apprendre que des milliers d’écoles américaines dépendent désormais, du moins en partie, de matériel éducatif fourni par de grandes entreprises, si bien que les enfants suivent des cours de nutrition financés par Mc Donald’s et découvrent la protection de la nature et de l’environnement grâce à Exxon. Depuis 1989, Channel One offre aux écoles des programmes éducatifs en circuit fermé. Lesdits programmes sont gratuits mais truffés de publicités visant spécifiquement le jeune public. Pour moi, c’est de l’exploitation pure et simple et de la manipulation caractérisée, mais mon point de vue semble largement minoritaire. Channel One connaît un énorme succès et équipe 350’000 salles de classe."
Bill Bryson, "American Rigolos : Chroniques d’un Grand Pays", Payot, 2001, p.112-114
Source : Côté Rue