En trois ans, dans les collèges et lycées ,les agressions contre les élèves ont bondi de 55 %. L’inspection académique s’attaque au phénomène avec la police et la justice.
Hausse de 55 % des violences contre les élèves, 45 % d’agressions de plus contre les membres du personnel et les profs dans les collèges et lycées du Val-d’Oise en trois ans et enfin augmentation de 38 % des cas de rackets depuis le début de l’année. Deux mois après l’affaire des onze élèves rackettés et agressés par des bandes aux abords du lycée René-Cassin de Gonesse, la violence scolaire dans le département est devenue l’une des priorités de l’inspection académique.
Pour tenter d’endiguer le phénomène, l’inspecteur d’académie Jean-Louis Brison avait convié jeudi Frédéric Auréal, le directeur de la Direction départementale de sécurité publique, et la procureur de la République Marie-Thérèse de Givry au colloque « Répondre aux violences », à l’Essec de Cergy. Huit heures durant, plus de 200 policiers, principaux de collège et proviseurs de lycées étaient côte à côte dans un grand amphithéâtre pour plancher sur l’épineux sujet du partenariat entre les chefs d’établissement et la police.
Une coopération délicate
Sur toutes les lèvres, la vidéosurveillance aux abords des collèges et lycées, le port de la capuche, le trafic de cannabis, les agressions contre élèves et enseignants. Et la nécessité de travailler de concert pour améliorer la prévention et régler plus rapidement les crises. Car si les faits révélés de violences scolaires ont globalement baissé en trois ans, passant de 2 115 faits en 2005 à 1 133 en 2008, leur nature a évolué. Les violences sur personnes augmentant très sensiblement alors que les cambriolages des établissements sont en chute libre.
Au coeur des échanges jeudi, la délicate coopération entre chefs d’établissement et policiers. Une directrice s’émeut de voir l’installation de caméras dans son établissement scolaire. Une autre évoque la difficulté à recueillir des témoignages, la « peur des enfants » et la loi du silence. « Mais n’hésitez pas à nous associer, même si vous avez des doutes sur l’agresseur, tempête Frédéric Auréal. Nous savons être discrets. Le commissariat est un lieu de service public, il vous est ouvert. »
Enfin, Gilles Vergnault, proviseur vie scolaire au rectorat de Versailles, fait réagir la salle autour d’un cas concret, celui de Jérôme, un collégien victime de racket, tabassé avant d’entrer en cours. Un scénario imaginaire qui fait écho à l’affaire de Gonesse en septembre. « Bien souvent, c’est la violence du quartier qui déborde dans nos lycées, s’alarme un proviseur. Et dire que nous ne devrions régler que du scolaire ! »