Depuis la parenthèse enchantée Canal+ (1984-2004, ensuite c’est l’agonie), le Système a produit et mis en avant une foultitude d’humoristes qui possèdent une double fonction sociale : changer le drame économique en rire, et ridiculiser le sérieux politique. Des troupeaux de nouveaux rigolos sont sortis de partout, certains bons, d’autres moins bons. Tous ou presque ont travaillé dans les limites autorisées du Système, allant là où on les laissait aller, mais jamais plus loin, en territoire inconnu, terre de tous les risques, économique, social, juridique. Physique !
La télévision avec Canal+ (la bande à Jamel) et France 2 (la bande à Ruquier), et la radio (la bande de France Inter) sont les grandes pourvoyeuses de ces nouveaux commissaires apolitiques qui font semblant de faire de la politique. En vérité ils défont la politique. Car la majorité de ces professionnels tape dans le pouvoir visible, qui est là pour ça, mais jamais ou rarement dans le pouvoir profond, qui n’a aucun, mais alors aucun humour sur lui-même. La meilleure illustration de ce lâche calcul est la paire Meurice-Charline qui a littéralement chié sur Darmanin, le ministre des Comptes publics, mais qui n’osera jamais se faire un BHL ou un Minc. Trop risqué !
Sauf pour Dieudonné, qui a pulvérisé toutes les barrières, on le sait. Il est admiré et craint (par la profession) pour cela. Ceux qui ont mis un demi-pas dehors ont été troués par les mitrailleuses situées dans les miradors sionistes qui balayent le terrain politique. Un Bigard a été mis à l’amende pour avoir simplement douté de la version officielle – pour abrutis congénitaux, il faut bien le dire – du 11 Septembre. Aujourd’hui, malgré son recentrage sur le tout-cul, ses dates de tournées sautent les unes après les autres comme les boutons du froc de Gérard Larcher après un déjeuner de 5 heures (la durée) Chez Françoise.
On a trouvé vidéo plus gouleyante, même si c’est pas du Bocuse. Chez Françoise, c’est là où les sénateurs aiment bouffer, c’est la cantoche des gras du bide :
Cependant, avant que Dieudo ne retourne dans sa forêt légendaire où il donnera des spectacles (payants mais demi-tarif) aux pygmées, il aura semé des graines, et certaines commencent à donner des fruits assez respectables. Le bulldozer franco-camerounais a ouvert et déminé (à son corps défendant) le chemin. Le lobby sioniste a voulu interdire le meilleur humoriste de France, toutes catégories confondues (coqs, plumes, légers, moyens, lourds), il risque de se retrouver avec plein de petits dieudonnés. Fallait pas marcher sur la reine !
Le jeune Waly Dia répond avec humour à la proposition de guerre civile de Zemmour et sa bande, les nationaux-sionistes qui ont et qui auront le cul bien au chaud quand ça commencera à bombarder. En appliquant les principes intangibles du stand-up à l’américaine – une vanne, 7 secondes, une vanne –, Waly, malgré un jeu de scène limité (une cave de HLM ?), fait du bon boulot.
Certes, sa défense de la banlieue et des racailles (la banlieue ne se résume pas aux racailles, mais c’est l’image que les médias donnent de ces townships à la française) peut déplaire aux patriotes ultra qui nous lisent, mais il faut s’entendre sur le danger réel et le pouvoir réel : qui tient le pouvoir réel, les islamistes, comme le dit Zineb El Rhazoui, ou les sionistes ?
Nous notons que Zemmour ne parle jamais du vrai pouvoir, il parle toujours du danger, et du danger islamiste. Forcément. En Zineb, il a trouvé une zemmourette de poids et de charme :
En 2018, Dieudonné jouait son sketch le Tribunal des lascars, avec une inversion réjouissante du rapport dominant/dominé :
Waly Dia, on vous doit la vérité, vient du Jamel Comedy Club. Récemment, un humoriste disait qu’après la génération Éboué, le Jamel Comedy Club n’avait plus produit de pointure. Si Dia continue sur sa lancée, il risque de devenir très intéressant. Forcément, quand on passe par le JCC, se pose la question communautaire. C’est yard.media qui la pose :
As-tu l’impression d’être prisonnier d’un certain style d’humour que les médias appellent « communautaire » ?
On parle de « communautaire » parce que ce sont des origines extérieures à la France. Si j’avais parlé de ma famille en Auvergne, on n’aurait pas dit ça. Après, ce sont peut-être les gens habitués à ce format d’humour qui ont du mal à en sortir, alors que moi je ne me définis pas que par mes origines. Ce que je n’ai pas envie de faire, surtout, c’est dévaloriser mes origines. Malheureusement, beaucoup d’humoristes, moi y compris, sommes tombés dans ce piège-là pour faire rire la masse.
Comme tous les humoristes (et d’ailleurs tous les politiques), Waly redoute Twitter, qui donne le la, qui fait l’opinion :
Ouais avant tu pouvais faire des blagues sur les noirs, les arabes, les gays, les juifs… parce qu’ils ne te répondaient pas. Aujourd’hui, ils vont te répondre et soit tu les auras fait rire et ils vont t’aimer, soit tu ne les auras pas fait rire et ils ne vont pas t’aimer. Et puis tu auras toujours les énervés qui eux n’aiment rien et veulent juste te détruire. Sur Twitter, il y a une tendance à la méchanceté parce que les gens aiment ça. C’est un peu les Jeux du Cirque, on aime bien voir quelqu’un se faire déchirer. Et, à côté de ça, il y a aussi des élans de solidarité incroyables. C’est vraiment le Yin et le Yang, Twitter.
On le voit, Waly Dia, qui déchire bien sur scène, et qui fait de la politique sans en avoir l’air, n’a pas très envie de prendre les coups que Dieudonné a pris et prend encore. C’est la différence entre celui qui a la vocation pure et celui qui calcule, même si Dieudo lui aussi calcule ! Dans cette tirade, Waly Dia montre qu’il est néanmoins tenté par le Grand Saut :
Moi j’aime les gens qui n’en ont plus rien à foutre des codes sociaux, les gens qui ont craqué. Ça me fait hurler de rire. Ils ont accepté tout ce qu’ils étaient, aussi bien le bon que le mauvais. Ils ont décidé d’être eux-mêmes. J’ai hâte d’atteindre cette liberté-là, de péter un câble.