La République, Madame Sigaut, c’est aussi l’introduction en France de la liberté d’expression et de la liberté de la presse… Qu’elle ne fut pas entière à cette époque n’enlève pas le fait qu’elle existât, alors que sous la Monarchie, Etat et Eglise étaient main dans la main pour faire censurer toute opinion qui n’iraient pas dans le sens de l’opinion du Roi. On ne publiait pas à Genève pour le plaisir.
La République c’est aussi la fin de l’esclavage, codifié par Louis XIV (amputation de l’esclave cherchant la liberté, statut d’esclave pour le fils d’un homme libre et d’un esclave…), approuvé par l’Eglise, et confirmé par TOUT les Rois de France jusqu’en 1848 (Oui, le code noir, cette abomination, fut loi de la France sous tout les rois depuis Louis XIV jusqu’à Louis-Philippe.aucun n’ayant jugé moralement juste de l’abolir). La République a du par deux fois abolir l’esclavage parce que la Monarchie ne l’a pas fait, ni avant ni après la Révolution.
Faut-il rappeler que les opposants à la première abolition furent les monarchistes, notamment à Saint-Domingue, qui en 1794 préfèrent faire allégeance à l’ennemi de toujours, l’Angleterre, plutôt que de voir leurs esclaves devenir libres ? Et qui s’est opposé de la manière la plus éclatante à la deuxième abolition ? L’abbé Rigord à la Martinique qui défendait les esclavagistes, qui d’ailleurs englobaient des couvents (Sœurs de Saint-Joseph de Cluny) !
Quel admirable philosophie chrétienne que celle qui fera dire à Bossuet :« De condamner cet état [= l’esclavage], ce serait non seulement condamner le droit des gens, où la servitude est admise, comme il paraît par toutes les lois ; mais ce serait condamner le Saint-Esprit, qui ordonne aux esclaves, par la bouche de saint Paul, de demeurer en leur état, et n’oblige point leurs maîtres à les affranchir »
Oui, la monarchie était bien plus à l’écoute des plus humbles…sauf s’ils étaient esclaves…ou si ils n’avaient pas la bonne opinion…
Votre volonté de défendre avec ardeur votre Eglise et l’Ancien Régime n’explique-t’il pas que ces sujets n’ait jamais suscité chez vous une volonté d’en faire une étude de fond ? Car cela ne collerait pas trop avec une vision manichéenne de l’histoire : le bien d’un coté, le mal de l’autre.