Danièle Obono a un rôle clair : ratisser pour Mélenchon dans la communauté noire française, si elle existe. Les Noirs existent en France, c’est indéniable, ce sont des Français comme les autres car en République la couleur de peau ne joue pas. Mélenchon est d’ailleurs un fervent défenseur de la République qui ne reconnaît pas de communautés entre le citoyen et la communauté nationale, et encore moins de communautés de couleur (sauf la couleur politique). Une conviction évidemment théorique puisque le CRIF, par exemple, exerce un pouvoir d’influence considérable sur l’exécutif en France. Mais Mélenchon est contre, ce qui est dans sa logique de républicain.
Ceci étant dit, que fait Obono dans une émission noire qui ne parle que des Noir(e)s ? On pourrait nous rétorquer « et que faites-vous des émissions où il n’y a que des Blancs ou que des Hanouna et des Haziza ? » Bonne réplique, mais ce qui nous intéresse, ce sont les idées et leur confrontation, leur mortalité et leur survie, leur amélioration et leur application, c’est-à-dire le débat, pas la couleur de peau des gens qui parlent. À ce propos, la radio est un média plus juste que la télévision puisqu’en radio, il n’y a pas de couleur de peau. Il ne reste que la couleur politique, on le voit avec Elkabbach, Demorand, Cohen ou Aphatie, tous dans le même camp.
C’est un fait, @JLMelenchon est en train de perdre le leadership de la gauche au profit de @Francois_Ruffin et de son #5Mai et de @olbesancenot en pointe dans le conflit de la @SNCF Les raisons ? Trop de méchanceté, de violence, pas assez de dialogue avec ses partenaires. https://t.co/amwk2LzUJV
— jean-michel aphatie (@jmaphatie) 7 avril 2018
Mais ce n’est pas le débat. Le débat est : pourquoi Obono, qui est censée être une républicaine mélenchoniste, s’exhibe-t-elle dans un débat qui met la couleur de la peau en avant ? On appelle ça l’intersectionnalité, ça fait partie du nouveau vocabulaire politique d’une tendance de gauche pas très républicaine au fond et qui justifie ainsi son communautarisme. Avec Obono on a même deux communautés qui se croisent : les femmes et les Noirs. Et deux conflits qui se profilent : le conflit Blancs/Noirs et le conflit Hommes/Femmes. Que dit Mélenchon là-dessus ? Les voix communautaires comptent-elles plus que l’unité de la Nation ?
On a envie de dire à la députée Obono que la couleur de la peau dans Star Wars n’est pas l’essentiel, vu que c’est une machine de guerre culturelle américaine, ce qu’elle n’ignore pas, parce qu’elle n’est pas idiote. Mais commencer à pinailler sur le degré de carnation des acteurs noirs autorisés à Hollywood, ça sent pas bon. Ça sent le communautarisme anticommunautaire, et ça ne résout rien, ça jette même de l’huile sur le feu séparatiste, celui que la communauté dominante veut infliger à la France. Et dans ce dessein, la communauté noire, ce concept politique qu’elle a fabriqué de ses propres mains, est en train de naître.
L’objectif est simple : faire du Français blanc – il n’y peut rien le bougre – un raciste en puissance, un raciste structurel, un raciste malgré lui puisqu’il est blanc. Un anti-Noir, si vous voulez. Le Blanc est donc irrémédiablement raciste, et cet affrontement programmé des communautés basées sur leur seule couleur est un conflit triangulé qui n’arrange que la pointe du sommet, la communauté au pouvoir. Ce bon vieux pouvoir bien temporel qui a la main sur la police, la justice, les moyens matériels – l’argent – et immatériels comme les médias.
Danièle Obono n’est donc plus une députée de gauche France insoumise, avec ses valeurs et ses convictions défendables (mais discutables), mais une députée noire.