Bonjour le symbole. Après les déportés qui viennent raconter la Souffrance, après les couples LGBT qui viennent raconter les joies de l’Homosexualité et de la Masturbation, les enfants des écoles se tapent maintenant la tournée des banquiers. C’est logique, du point de vue du Système : Macron est un peu la fusion de toutes ces minorités dominantes.
L’argent n’est pas un tabou, ou ne devrait pas l’être. Mais le conflit social en France depuis 250 ans a fait de l’argent l’objet central de toutes les convoitises et de toutes les discussions. L’idéologie du profit anglo-saxonne a envahi d’abord notre sphère économique, puis politique, puis sociétale. Maintenant beaucoup de jeunes se battent, et souvent entre eux, pour « faire du fric », mais il n’est pas seulement question de survie : c’est la course au fric pour le fric. Une fois que les besoins élémentaires sont couverts, on pourrait penser que l’être humain en général et le Français en particulier passerait à autre chose mais non. Il y a l’excitation de la consommation, le toujours plus érigé en stratégie individuelle et collective. On part en vacances en Croatie mais on rêve de Cuba, on mange à l’Hippo mais on rêve de Bocuse... Nietzsche disait, dépité, que c’était humain, trop humain.
La société française a donc été, propagande aidant, décomplexée non pas sur l’argent mais sur le profit, nuance. Du fric il en faut ; l’idéologie du profit, c’est plus dangereux, ça fout les peuples en l’air d’une façon ou d’une autre et ça n’enrichit qu’une minorité infime, les 1% dont parlent les Pinçon-Charlot. Voilà pourquoi on se retrouve en pleine « semaine européenne de l’argent », et que « la Fédération Française bancaire lance cette semaine la cinquième édition de son opération "J’invite un banquier dans ma classe", pour apprendre aux écoliers à gérer un budget à l’aide d’un jeu ». C’est francetvinfo qui nous l’apprend.
La version 2018 de « J’invite un banquier dans ma classe » (notez que les mômes préféreraient inviter Mbappé) :
Des questions sur vos parents qui se font entuber par leur banquier, les enfants ?
La cerise sur le gâteau carbonisé, c’est que les visiteurs de la Banque viennent dans les classes de pauvres (une CM1-CM2 de Paris XIXe classée en ZEP, zone d’éducation prioritaire), c’est-à-dire que les envoyés – en l’occurrence la directrice générale de la Fédération bancaire française, Marie-Anne Barbat-Layanides – des grands prédateurs nationaux et transnationaux rendent visite aux enfants de leurs victimes !
« Je savais que l’épouse du chef de l’État ne devait pas avoir de rôle politique. Quand on voit ce qui est arrivé à Marie-Antoinette… Et l’impératrice Eugénie a fait faire beaucoup de bêtises à son mari. Je me voyais plutôt comme une sorte de “public relations”, un intermédiaire entre le Président et les Français. C’est pour cela que j’ai fait tous ces déplacements en province, plus d’une centaine en sept ans. » (Anne-Aymone à Paris Match)
On dirait madame Giscard chez les pauvres dans les années 70 ! Les exercices donnent le tournis, surtout quand on sait que ces mômes ont toutes les chances de ne jamais crouler sous la thune :
« "Mon père a acheté un tableau à un jeune artiste qu’il expose dans la salon. Il est ravi, il dit que c’est un investissement", lit sagement un élève. "Qu’est-ce que cela signifie ?" "C’est lorsqu’on met de l’argent de côté ?", tente un élève. "Non. Là ton papa n’a pas mis l’argent de côté, il l’a dépensé", explique la maîtresse. "Le principe de l’investissement, c’est que j’espère que je vais gagner plus d’argent après, que l’argent que j’avais mis au départ. Le point est à moitié gagné !" »
Compris, les pauvros ? On ne dépense pas son fric en conneries, on le laisse à la banque qui saura le gérer et ensuite, si jamais vous avez un petit découvert, elle saura vous taper sur la gueule et vous extorquer tout ce qu’elle peut ! En tout cas la Barbat elle est contente, la future génération va bien se faire ratisser :
« Il se trouve qu’il est intéressant pour les banquiers d’avoir des clients qui savent gérer leur argent. Là, c’est une première étape pour leur donner quelques notions et il est surprenant de voir à quel point les enfants sont désireux d’apprendre. »
La conclusion de l’article confirme l’anglo-saxonnisation de la France sur le sujet :
« On aurait pu supposer qu’à annoncer la venue de banquiers dans les écoles, certaines voix auraient pu s’élever du côté des parents d’élèves. "Il n’y a eu aucune question particulière, fait remarquer la maîtresse. Je pense qu’ils sont très enthousiastes : ce sont des enfants qui grandissent, et ils auront de plus en plus à dépenser de l’argent, sous toutes ses formes. C’était ludique, interactif, très bien pour leur âge." »
Il ne reste plus qu’à attendre la visite de la troïka formée par un déporté, un couple LGBT et un banquier et là, on sera au nirvana de l’excitation macronique.
Attendez, une dernière pour la route !
Que le CRIF nous pardonne cette saillie (qui risque un jour de devenir réalité) : on pourrait faire des économies – l’école française n’est pas riche – en fusionnant nos trois minorités en une seule qui serait un banquier déporté à tendance homosexuelle. Là les mômes en apprendraient plus sur le Système en une heure qu’en 12 ans de scolarité. Reste à voir si les parents sont d’accord car un banquier pédé, ça peut avoir des effets pervers...
Nino a été banquier, il raconte :
Emmanuel, aujourd’hui banquier qui a réussi, se retrouve face à des enfants pour son grand débat personnel. Cliquez ici pour comprendre comment on devient banquier :
On attend maintenant, l’école étant un lieu politiquement neutre, que des marxistes purs et durs viennent expliquer la logique du profit et ses conséquences aux mêmes élèves.