Il se confirme que l’armée syrienne s’est lancée dans une vaste (contre) offensive visant les poches d’insécurité créées par les insurgés dans plusieurs villes du pays. L’OSDH rend compte à sa manière de cette montée en force en publiant un bilan record de victimes pour la journée du dimanche 29 janvier avec 80 morts, « dont au moins la moitié de civils« .
On sait que les « civils » de l’OSDH ne sont pas garantis sans armement Ce qui tend à dire qu’une quarantaine de ces victimes sont des combattants. Des deux camps. L’OSDH parle explicitement d’ailleurs de « combats« , dans la région et la ville d’Idleb, de Homs, de Hama, de Deraaa ainsi que dans des villages situés à l’est immédiat de Damas, comme Ain Tarma et Kafar Batna. C’est-à-dire tous les points chauds de ces derniers jours, où les bandes armées tiennent plus ou moins certains quartiers : à Hama, l’offensive des militaire a démarré mardi 24 janvier, donnant le signal d’une stratégie plus vaste de reconquête.
A l’est de Damas, le gouvernement aurait dépêché dimanche, selon un correspondant travaillant pour France Info, 2 000 hommes et des blindés « ultra-modernes » en renfort aux unités combattant déjà les insurgés, notamment à Ghouta, une zone d’exploitations agricoles à une dizaine de kilomètres à l’est de la capitale. Sur la toile des vidéos amateurs montrent des civils fuyant les zones de combats.
L’essentiel de ces nouvelles étant le fait de l’OSDH, officine stipendiée du gouvernement britannique, elles sont à prendre avec précaution : la centrale de désinformation londonienne a une tendance irrépressible à transformer une incursion ponctuelle d’activistes dans un quartier en « libération » durable d’une ville, et un accrochage de coin de rue en Stalingrad syrien.
Mais, incontestablement, il y a une escalade. Et es militaires loyalistes continuent de payer le prix du sang pour mette fin à la terreur et à l’anarchie de ces bandes qu’on peut qualifier sans les diffamer d’ »atlanto-islamistes » : l’OSDH et l’agence Sana, pour une fois d’accord, évoquent la mort de de 16 soldats dans deux attentats distincts : dix auraient péri dans l’explosion d’une bombe au passage de leur convoi à Kansafra, près de Jebel al-Zaouia (nord-ouest) ; six autres sont tombés dans une embuscade à Sahnaya, dans la banlieue de Damas. En tout, l’OSDH, dans son bilan global pour dimanche, prétend que neuf déserteurs, 26 militaires et cinq policiers ont péri dans les affrontements et attentats.
L’AFP, de son côté, dans un souci de recherche de la vérité qui l’honore tardivement, s’est efforcée de faire une synthèses des dépêches de l’OSDH et de l’agence Sana pour arriver à un bilan de 229 morts dont 145 civils depuis mardi. Pour invérifiables qu’ils soient, et gonflés qu’ils puissent être, ces chiffres traduisent une incontestable montée en intensité des affrontements.
E finita la commedia
La fin brutale, cette semaine, de la comédie diplomatique jouée depuis deux mois par la Ligue arabe, avec sa « solution » politique inspirée par le Qatar et aussitôt repoussée par Damas et Moscou, et la suspension de la mission des observateurs, tout a a conforté le gouvernement syrien dans sa volonté de porter le fer dans la plaie infectée du terrorisme, un terrorisme dont les observateurs de la mission arabe en Syrie avaient très clairement dénoncé les responsables : les groupes armés se réclamant de l’opposition radicale.
Le ministre de l’Intérieur syrien Mohammad Ibrahim al-Chaar, dans une déclaration diffusée samedi, a officialisé ce tournant stratégique : « Les forces de sécurité sont déterminées à aller de l’avant pour rétablir l’ordre et la sécurité, et nettoyer le territoire des hors-la-loi qui tuent des citoyens innocents« . Et qui ont tué plus de deux mille policiers depuis le mois de juin dernier, et continuent d’en tuer une dizaine chaque jour.
Après 11 mois de crise, dont les six derniers ont vu la montée en force, puis la banalisation d’une véritable guérilla plus ou moins contrôlée par une Armée syrienne libre elle-même totalement contrôlée par le gouvernement turc, Damas change de ton et de stratégie. Fort du soutien d’une forte majorité des Syriens excédés par l’irakisation (de moins en moins) rampante de leur pays, de la solidité de ses forces armées et de l’appui diplomatique voire militaire réaffirmé de la Russie et de la Chine, ainsi que de celui, plus ou moins fermement exprimé, de plusieurs nations arabes, Bachar al-Assad et son gouvernement ont estimé que le moment était venu de parler aux radicaux le seul langage qu’ils puissent entendre, celui de la force.
La stratégie de reconquête qui semble bien être désormais celle de la direction syrienne présente de risques en termes de pertes civiles. Mais il y aurait, pour le régime, un risque plus grand encore à laisser pourrir plus longtemps encore la situation, et laisser les bandes armées appuyées par l’étranger se comporter dans certaines parties de la Syrie comme en pays conquis. Seule une victoire militaire sur les tueurs pourrait ramener un apaisement, une baisse de tension, condition première de l’établissement de ce dialogue que tout le monde réclame avec plus ou moins de sincérité. Il n’y aura pas de démocratisation possible en Syrie tant qu’une ASL ou des djihadistes s’y « exprimeront ».