L’armée libanaise a commencé à se déployer sous le feu des tireurs embusqués à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, après une semaine de violences ayant fait au total 14 morts et plus de 80 blessés, a constaté une journaliste de l’AFP.
Dans le quartier sunnite de Bab al-Tebbaneh, des blindés et des jeeps sont entrés par le nord mais leur progression a été ponctuée par des tirs de francs-tireurs auxquels les soldats ont riposté. Trois militaires ont été blessés par les tirs, selon la journaliste et les sources de sécurité.
Des hommes armés ont également brûlé des pneus à Bab al-Tebbaneh pour empêcher l’armée d’avancer.
Une source de sécurité a affirmé que l’armée avait terminé de se déployer dans le quartier alaouite de Jabal Mohsen, qui domine et fait face à Bab al-Tebbaneh.
Dans la rue de la Syrie, qui sépare les enclaves ennemies, les habitants se montrent sceptiques.
"Tout ceci est une farce. C’est la 18è fois depuis mai 2008 que l’on assiste à cela. En fait, l’armée fait un petit tour et s’en va. Il n’y a pas de solution", assure Moustapha al Hajj, un retraité de 69 ans.
"Depuis huit jours, 400 familles ont quitté la rue de la Syrie, dont la mienne et nous dormons à la belle étoile, ma femme et mes trois enfants dans un jardin de la ville. Chaque mois c’est la même chose", peste-t-il.
Depuis le 21 octobre, six habitants du quartier de Jabal Mohsen, majoritairement alaouite et acquis au président syrien Bachar al-Assad, et huit de Bab al-Tebbaneh, largement sunnite et partisan de la révolte contre le régime syrien, ont été tués.
Le bilan plus élevé chez les sunnites s’explique par le fait que Jabal Mohsen domine géographiquement Bab al-Tebbaneh, un quartier plus dense, et par la mauvaise organisation des groupes de combattants sunnites face aux alaouites qui relèvent tous de la même formation : le Parti arabe démocratique (PAD).
Les violences se sont multipliées à Tripoli, la deuxième ville du pays avec 200 000 habitants à 80% sunnites, au fur et à mesure que la Syrie, ancienne puissance tutélaire du Liban, s’enfonçait dans la guerre civile.
Les alaouites, qui représentent 7 à 8% de la population, se sont installés au début du 20è siècle, employés comme domestiques ou ouvriers agricole. Le reste sont des chrétiens.
Cette dernière série de violences a débuté le 21 octobre, au moment où était diffusée à la télévision une interview de M. Assad. Par mesure de sécurité, les écoles et les universités de la ville sont fermées depuis le milieu de la semaine.