Récemment, le magazine DSI se demandait, via un article publié sur son site Internet, si le groupe État islamique (EI ou Daesh) était la forme « la plus aboutie » de l’ennemi hybride. L’organisation jihadiste sait en effet combiner les tactiques classiques de la guérilla et du terrorisme avec des moyens conventionnels, le plus souvent pris à ses adversaires.
On savait que la débandade des forces irakiennes à Mossoul, en juin 2014, avait permis à l’EI de s’emparer de matériels militaires. L’automne dernier, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, estimait ses prises de guerre à 3 000 4×4 Hummer américains, 60 000 armes individuelles, 50 chars lourds et 150 blindés légers.
Ce bilan a été en partie confirmé par Haider al-Abadi, le Premier ministre irakien, au cours d’un entretien diffusé le 31 mai par la chaîne publique Iraqiya. « Lors de la chute de Mossoul, nous avons perdu de nombreuses armes (…) Nous avons perdu 2 300 Humvee [ndlr, High mobility multipurpose wheeled vehicle] » , a-t-il affirmé. Ces véhicules faisaient partie d’un lot de 8 000 exemplaires fournis par l’armée américaine aux forces irakiennes à partir de 2009.
Étant donné que Washington a récemment approuvé la vente de 1 000 Humvee à l’Irak pour 579 millions de dollars, l’on peut estimer, même si le prix de ce type de véhicule varie en fonction des versions, que la perte financière dépasse le milliard de dollars.
L’EI, qui a utilisé des Humvees pour commettre des attentats suicides, a depuis conquis la majeure partie des territoires irakiens à majorité sunnite mais il s’est heurté aux combattants kurdes dans le nord du pays. Après avoir subi un revers à Tikrit, ville qu’il n’a pas vraiment défendue, il a pris le contrôle, en mai, de Ramadi, la capitale de la province d’al-Abar et lancé une offensive contre la stratégique raffinerie de Baïji.