Dans les médias, dans le débat public comme en privé, le mal absolu contemporain – car le mal absolu historique et éternel reste le nazisme – est l’islam intégriste. Par effet de ricochet, les partis politiques européens, leur membres et leur sympathisant prennent le parti d’Israël dans le conflit qui l’oppose aux Palestiniens.
Le processus qui a abouti à cette vision démoniaque d’une certaine interprétation de l’islam a commencé lors la révolution islamique iranienne, lorsque les États-Unis se sont lancés avec zèle dans la production d’une propagande anti-iranienne (citons le chef-d’œuvre cinématographique Jamais sans ma fille) afin de se venger de l’humiliation subie lors de la prise d’otages de leur ambassade à Téhéran par une poignée d’étudiants. Mais dans le contexte de la Guerre froide, l’ennemi principal allait rester jusqu’en 1989 l’Union soviétique. Les petits Mollahs n’étaient que très secondaires à cette époque et l’on avait d’ailleurs déjà tenté de leur régler leur compte en armant et lançant Saddam Hussein contre eux. Jusqu’aux années 2000, la propagande anti-islam(iste) ne se manifeste que très discrètement. C’est d’ailleurs pendant ces années d’hibernation qu’est diffusée la série culte X-files, où l’ennemi vient « d’ailleurs » puisqu’on se retrouve à court d’ennemis terrestres.
Mais voilà, le communisme s’étant effondré depuis plus d’une décennie, on met les extraterrestres dans un tiroir et l’on ressort les islamistes du placard lors des attaques du 11 Septembre. Des pays musulmans sont envahis et détruits et des gouvernements sont renversés au nom de « la guerre contre la terreur ».
Les années passent et la machine commence à s’essouffler. C’est alors qu’apparaît l’État islamique et que se produit ensuite l’attentat chez Charlie et la prise d’otages de l’Hyper-Casher, équivalent à petite échelle du 11 septembre 2001, de par son impact et sa médiatisation à outrance. C’est désormais quotidiennement que les barbares islamistes sont pointés du doigt et que le public, consciemment ou pas, fait l’amalgame entre de vulgaires criminels et les musulmans du quotidien.
Israël, qui cherche à justifier son combat contre les mouvements de libération palestiniens, s’en sert pour décrédibiliser le Hamas, qui pourtant ne fait que combattre un envahisseur avec les moyens limités dont il dispose. L’État hébreu tente par tous les moyens de s’attirer la sympathie et le soutien des chrétiens européens et étatsuniens en faisant croire qu’ils ont un ennemi commun.
L’extrême droite européenne, aujourd’hui majoritairement sioniste, adore haïr les islamistes car ils personnifient leur ennemi fantasmé, le musulman, qui une fois qu’il aura envahi l’Europe, instaurera la Charia et massacrera les infidèles. L’extrême droite, qui était historiquement judéocritique voir judéophobe, se retrouve aujourd’hui à faire le jeu des sionistes en se montrant islamophobe.
Les partis du centre droit, les démocrates-chrétiens notamment, sont dans la même situation que l’extrême droite : leur haine des musulmans les pousse dans les bras des sionistes. Tout comme de nombreux membres ou sympathisants de l’extrême-droite, ceux du centre droit s’indignent à juste titre lorsque des chrétiens sont victimes d’islamistes sanguinaires. Malheureusement, ils ne réalisent pas que la majorité des victimes des barbares sont musulmanes. Toutes les vies se valent, indépendamment de leur confession.
Pour finir, la gauche européenne, qui est encore majoritairement pro-palestinienne, se retrouve néanmoins farouchement contre l’islam car elle est profondément libertaire, féministe et pro-LGBT : des valeurs qui ne se retrouvent pas dans l’islam et qui sont combattues par les extrémistes islamistes.
Nous voyons donc que la haine à l’égard des islamistes radicaux, qui déteint aujourd’hui sur les populations musulmanes, remonte à la révolution iranienne et culmine avec les événements de Charlie Hebdo et la barbarie de l’État islamique. Nous observons également qu’Israël tire un bénéfice certain de cette fausse guerre des civilisations, de cet amalgame qui se crée entre prétendus djihadistes de l’État islamique et le mouvement de libération Hamas. C’est donc de l’extrême gauche à l’extrême droite que les mouvances politiques européennes développent un sentiment anti-islam. Il est pertinent d’ajouter que la gauche a un comportement schizophrène en dénonçant l’islamisation en Europe tout en favorisant une immigration qui achemine justement des populations musulmanes sur le sol européen. Pour conclure, il est lamentable d’observer qu’au lieu d’être solidaires des Palestiniens, qui sont un peuple opprimé, les mouvements politiques européens se solidarisent avec Israël sous le prétexte fallacieux d’avoir un ennemi commun.