Toute la presse mainstream en ligne et version papier, et ce n’est pas un hasard, a relaté jour après jour l’évolution du procès Pélicot.
Le mari est accusé d’avoir fait violer sa femme, une « salope », selon sa propre expression, par une cinquantaine de types. Gisèle était endormie avec des médicaments, ensuite Dominique invitait sur les réseaux sociaux des types pour la prendre.
Ce manège a duré dix ans, puis le maître d’œuvre s’est fait gauler grâce à un vigile de supermarché, qui l’a vu filmer sous les jupes de femmes. Vraiment le truc de malade, un délit, pas encore un crime. La police arrive, saisit le portable du père Pélicot, et découvre un paquet de vidéos bizarres. Et là commence l’immense affaire Pélicot, qui est une fois de plus le procès de tous les hommes.
Voici les images exclusives de l’interpellation de Dominique Pelicot quand il filmait sous les jupes de clients d'un supermarché, le 12 septembre 2020 à Carpentras.
Sans l’intervention du vigile, ce jour-là, l’affaire dite des viols de #Mazan n’aurait… pic.twitter.com/nV89DRlQm1
— Paris Match (@ParisMatch) September 13, 2024
Car l’air de rien, la presse, qui obéit à la ligne progressiste, a pratiqué ce qu’on appelle une homothétie en maths, une fonction qui permet d’agrandir une figure en respectant ses proportions. Soudain, Gisèle devenait toutes les femmes, et son mari tous les hommes. Gisèle était la victime absolue, et les hommes tous des violeurs. Ce procédé malhonnête sera le fil rouge de tous les articles sur l’affaire.
Lapidation des hommes-Pélicot
Si on avait du pognon, et du temps à perdre, on attaquerait en justice les plumes qui ont apporté leur pierre à cette arnaque sociétale. La meilleure d’entre elles s’appelle Lorraine de Foucher, journaliste au Monde. Elle vient pour son œuvre de recevoir le prix Albert Londres qui récompense les meilleurs journalistes, c’est un peu le concours Eurovision de la presse, c’est toujours Israël qui gagne. La justicière pose avec un regard de défi pour les 30 millions de salauds, forcément amalgamés à Dominique Pélicot, dans l’article du Monde fier comme un coq – heureusement déconstruit – de sa médaillée.
Il faut pourtant parfois lutter contre soi-même pour lire ses articles. S’y reprendre à plusieurs fois, parce qu’une phrase suscite une image dérangeante, provoque une prise de conscience, creuse un gouffre dans nos schémas de pensée. « On me dit souvent : “c’est effroyable à lire”, reconnaît-elle. Ce à quoi je réponds toujours : "Imagine ce que c’est à écrire. Et ce n’est rien par rapport à ce que c’est que de le vivre." » À ses yeux, ce n’est pas rien, non plus, « pour le champ de la documentation des violences masculines », qu’elle explore depuis 2017, d’être récompensée. « Ça l’anoblit », assure-t-elle.
Lorraine explore donc « le champ de la documentation des violences masculines » depuis sept ans, ça c’est un vrai boulot. Pour le côté « effroyable », n’exagérons pas : au-delà des viols, personne n’a été battu ni assassiné. Cela aurait peut-être été mieux pour l’accusation, mais cela ne changera rien aux réquisitions, qui sont du jamais vu dans l’histoire du viol : des peines d’assassins, carrément !
Toutes les autres peines requises s’étalent entre dix et dix-huit ans de réclusion criminelle. Outre Joseph C. et Dominique Pelicot, le ministère public a requis dix ans de prison contre 11 accusés ; onze ans pour 2 accusés ; douze ans pour 13 accusés ; treize ans pour 6 accusés ; quatorze ans pour 6 accusés ; quinze ans pour 3 accusés ; seize ans pour 4 accusés, dix-sept ans pour 3 accusés ; et dix-huit ans pour le dernier, un des quatre hommes à être venu six fois au domicile conjugal des Pelicot pour violer Gisèle Pelicot.
« Par votre verdict, vous signifierez aux femmes de ce pays qu’il n’y a pas de fatalité à subir et aux hommes de ce pays pas de fatalité à agir. Vous nous guiderez dans l’éducation de nos fils, car c’est par l’éducation que s’impulsera le changement », a déclaré Laure Chabaud, l’une des deux représentantes du ministère public, en s’adressant à la cour criminelle de Vaucluse. (Le Monde)
C’est comme si on avait des dizaines de meurtriers, mais sans cadavre. Et pourtant, Gisèle est bien là, vivante, souriant aux photographes, c’est une star, on dirait même qu’elle se sent bien dans ce rôle, qu’elle y prend du plaisir.
Quelque chose cloche, quand on y réfléchit bien. Où est la souffrance ?
La « belle » au bois dormant
Certes, Gisèle incarne aujourd’hui la souffrance globale des femmes qui sont pas contentes, des femmes qui refusent qu’on les prenne juste pour un cul, un orifice pour tous les salauds du monde. Une réduction que Dominique a faite, mais nous, par exemple, Bobonne elle veut pas toujours, elle trouve toujours une raison de nous échapper, alors faut qu’on montre patte blanche, qu’on sorte le chéquier, qu’on mette la peau de mouton, comme le loup avec les trois petites cochonnes.
Voyez, si l’on voulait, en exagérant le trait, en pratiquant l’homothétie, on pourrait présenter toutes les femmes comme des putes, à l’instar de la Lorraine de Foucher qui présente en creux tous les hommes comme des violeurs potentiels.
Cette affaire n’est malheureusement que celle d’un couple tordu fait d’un salaud et d’une sainte, un fétichiste malade qui prostitue sa femme en loucedé sans même prendre un centime : on est dans le hors norme, le singulier, le rarissime.
- N’ayez crainte, Sofia va bientôt s’endormir...
Nous, on attend juste que le compagnon de Sofia Vergara (c’est pour un lecteur fou d’elle) nous appelle en nous disant « c’est bon, les gars, elle pionce ». Ouais, mais quel intérêt à prendre une morte ?
Une femme qui bouge – attention, on n’a pas dit qui se débat – c’est quand même mieux, non ? Et même une femme qui parle, qui répond... Certaines ont un de ces toupets.
Le dessin du jour de Charlie Hebdo sur Gisèle Pélicot. pic.twitter.com/rboTy00c2P
— Cerfia (@CerfiaFR) December 4, 2024
Ruth Elkrief a-t-elle jeté un sort à princesse Gisèle ?