Avec les conflits en Afghanistan et en Irak, l’US Army a été contrainte de recruter massivement pour porter ses effectifs à 570.000 hommes. Pour faire le compte, les conditions pour devenir un GI ont été assouplies.
Ainsi, alors que l’engagement était fermé pour ceux qui avaient été condamnés pour un délit mineur (chèque sans provision, agression, drogue), des dérogations ont été accordés. En 2006, 20% des recrues de l’US Army étaient dans ce cas. Par ailleurs, les normes médicales et d’aptitudes ont dans le même temps été assouplies.
Seulement, cela est maintenant de l’histoire ancienne. Comme l’heure est au désengagement en Afghanistan, que le conflit irakien est terminé et qu’il est nécessaire de faire des économies, l’US Army doit réduire ses effectifs à 490.000 hommes d’ici 2017.
Première conséquence : les indulgences jusque-là accordées sont de l’histoire ancienne et les recruteurs de l’US Army pourront être beaucoup plus sélectifs. Sans doute que cela évitera certaines dérives comportementales constatées au cours de ces dernières années… Maius cela permettra aussi de disposer de recrues ayant un fort potentiel.
Le fait d’attribuer des dérogations pour s’engager malgré une condamnation a fait débat outre-Atlantique. Pour les uns, cela permettait de remettre dans le droit chemin des jeunes ayant un casier judicaires. Mais en revanche, dans les régiments, la musique était tout autre, dans la mesure où l’encadrement estimait passer trop de temps avec des « enfants à problèmes ».
Mais réduire le recrutement en imposant des critères plus sélectifs ne suffira pas pour atteindre les objectifs fixés à l’US Army. Cette dernière mise avant tout sur des départs volontaires mais son chef d’état-major, le général Ray Odierno a prévenu : 35% des postes supprimés concerneront des soldats qui auraient souhaité faire une carrière longue.
Aussi, « rempiler » pour des soldats actuellement sous les drapeaux sera plus compliqué à l’avenir car les critères, là-aussi, vont être revus à la hausse. « Ce sera une affaire difficile » a commenté le général David Rodriguez, le patron de l’US Army Command, cité par l’Associated Press. « Comme nous revoyons à la hausse les normes, certains qui étaient en mesure de se réengager il y a 3 ans ne pourront plus le faire » a-t-il expliqué.
Le secrétaire à l’US Army, John McHugh, a ainsi établi des critères beaucoup plus sévère pour prétendre à rempiler. Ainsi, ceux qui ont des problèmes de discipline, de drogue ou d’alcool, voire qui ont échoué à obtenir une promotion devraient être poussés vers la sortie. Et avoir un bon dossier médical sera évidemment un « plus » pour rester.
« Tout est axé sur ce qui nous permet de ne retenir que les soldats qui ont les bonnes compétences et qui ont vraiment le plus grand potentiel » a confié le général Richard Mustion, le directeur des ressources humaines de l’US Army.
Seulement, le défi qui se posera à l’avenir, surtout si la situation économique des Etats-Unis s’améliore, sera de garder ces soldats à « fort potentiel », et qui plus est spécialisés. Ces derniers pourraient être tentés par un retour à la vie civile, avec un emploi mieux payé. Et, dans le même temps, il sera aussi plus difficile de recruter des profils de qualité, là encore, à cause de la concurrence avec le secteur privé. Il est en effet facile de former rapidement un soldat… Mais cela prend nettement plus de temps (et d’argent) pour un cadre, qu’il soit sous-officier ou officier.
Pour le moment, la question ne se pose pas. En effet, les primes de réengagement, qui étaient de 16.000-18.000 dollars en 2008 pour des spécialités très recherchées (interprètes/linguistes, démineurs, cryptologie), ont pratiquement été divisées par deux ces derniers mois.