Des militants qui attendent des heures pour voter, accusations de fraudes de part et d’autres, les deux camps qui proclament leur victoire peu avant minuit, une commission incapable de proclamer les résultats : c’est bien le pire scénario qui s’est produit à l’UMP hier…
Journée noire à l’UMP
Il semblait impossible de faire pire que le PS au Congrès de Reims, mais l’UMP vient de démontrer le contraire hier. Cette journée du dimanche 18 novembre a été totalement ubuesque. Tout d’abord, une partie des militants ont eu le plus grand mal à voter, attendant parfois quelques heures pour exprimer leur opinion, sans que le niveau de participation justifie que le parti n’ait pas eu des capacités d’accueil suffisantes. Mais ceci n’était que l’apéritif de cette soirée complètement folle.
Avant même les proclamations de victoire des uns et des autres, les deux camps s’accusaient mutuellement de fraudes, le cas du Sud-Est et de Nice attirant tous les commentaires, notamment sur les réseaux sociaux. Ce faisant, l’UMP démontre un manque de sérieux extrêmement préoccupant de la part d’un parti qui était au pouvoir il y a quelques mois et qui prétend le retrouver. La crédibilité du mouvement est gravement atteinte, et les séquelles se feront sentir assez longtemps.
Mais le sommet du ridicule a été atteint quand les deux camps ont commencé à proclamer leur victoire peu avant minuit alors que la clarté des résultats semblait loin de permettre de telles déclarations. Pire, après les dysfonctionnements de la journée, la commission électorale de l’UMP a été incapable de s’exprimer dans la nuit car il lui manquait trop de procès-verbaux, ce qui lui impose de reprendre ses travaux ce matin, alors que les deux camps continuent de s’accuser de fraudes.
L’UMP pourra-t-elle s’en remettre ?
Et ce final pathétique vient après une campagne absolument nulle. On cherche encore les idées ou les propositions des candidats, qui se sont bornés à réciter le prêt-à-penser néolibéral de la nécessaire baisse des déficits et amélioration de la compétitivité (reprise par François Hollande). Les soutiens des uns l’étaient soit par des rancœurs personnelles trop voyantes pour ne pas être indécentes ou des calculs bassement politiciens, notamment dans les rangs des fillonistes.
Quel avenir pour l’ancien parti majoritaire ? Jean-François Copé a fait jeu égal avec François Fillon, malgré le soutien d’une majorité des notables du mouvement, attirés par les bons sondages de l’ancien Premier Ministre. Nicolas Sarkozy semble le premier bénéficiaire de ce psychodrame. Mais il ne faut pas oublier que nous ne sommes que quelques mois après la précédente présidentielle et plus de quatre ans avant la prochaine : il est trop tôt pour qu’il se pose en recours.
Ce faisant, l’UMP parvient à cumuler le Congrès de Rennes et ses haines recuites et le Congrès de Reims et ses magouilles qui avaient permis à Martine Aubry de l’emporter d’un cheveu face à Ségolène Royal. En quelques années, le PS et l’UMP ont montré un visage absolument lamentable, révélant des pratiques dignes de républiques bananières dans leurs fédérations, où des potentats locaux ne semblent guère génés de prendre des arrangements avec la démocratie…
Les pratiques internes de l’UMP, mais aussi du PS, démontrent que ces partis sont arrivés au bout du rouleau et que la France a bien besoin de sortir de ce duopole qui conduit depuis trente ans notre pays dans l’impasse. Ses élections pourraient bien contribuer à favoriser une prise de conscience.