L’UE a obligé la société belge de messagerie bancaire SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) à cesser de collaborer avec une trentaine de banques iraniennes, après lui avoir appliqué des sanctions. Swift propose un réseau sécurisé à l’ensemble des banques du monde pour leur permettre d’envoyer des paiements par messages.
Cette nouvelle mesure, qui fait partie des sanctions prises contre l’Iran que l’on soupçonne de vouloir développer un programme nucléaire à vocation militaire, vise à isoler encore plus la République islamique sur le plan financier, et à entraver ses ventes de pétrole. Les sanctions précédentes ont échoué à convaincre l’Iran de retourner à la table des négociations à propos de son programme nucléaire, parce que les cours élevés du pétrole lui ont permis d’enregistrer des chiffres d’affaires record.
Le pays, qui est le 3ème exportateur mondial, exporte 3,5 milliards de barils par jour, c’est-à-dire environ 4% de la quantité de pétrole consommée quotidiennement dans le monde. L’année dernière, la République islamique a engrangé 100 milliards de dollars de ventes de pétrole, soit 20 milliards de dollars de plus qu’il y a 10 ans, selon IHS CERA, une firme de consultance.
Chaque pétrolier transporte pour 100 millions de dollars de valeur d’or noir, et les paiements par virements sont donc très importants. En empêchant SWIFT d’aider les clients de l’Iran à le régler, les pays européens, qui ont déjà prononcé un embargo contre le pétrole iranien, veulent l’empêcher de commercer avec les pays qui continuent de lui acheter son pétrole, notamment la Chine et l’Inde.
Selon les analystes, l’Iran peut contourner cette mesure de plusieurs manières. Il peut réclamer d’autres moyens de paiements, comme de l’or, ou des espèces. Il peut se débrouiller pour que son pétrole soit mêlé au pétrole d’autres pays dans des terminaux internationaux et des pipelines pour brouiller son origine. Il peut également solliciter l’aide de banques centrales de pays alliés. En outre, la mesure n’affecte pas toutes les banques iraniennes, et celles qui échappent à la sanction pourraient vendre le pétrole elles-mêmes.
« Tout au long de l’histoire du commerce du pétrole, les pays sont toujours parvenus à contourner les embargos de commerce d’une manière ou d’une autre », commente Jim Ritterbusch, un analyste qui a aussi été courtier en pétrole. Selon les experts, l’Iran sera probablement obligé de réduire son prix pour pouvoir écouler son pétrole, et il ne pourra pas vendre toutes les quantités qu’il aurait souhaité.
Quoi qu’il en soit, le blocage de SWIFT va également affecter les familles iraniennes qui reçoivent de l’argent de proches établis à l’étranger.