Hier, le prix Nobel de la paix a été remis à l’UE. Mais par-delà les ridicules contorsions protocolaires entre les différents présidents de l’UE, le comité Nobel s’est lourdement discrédité au moment où l’intégration européenne ne cesse de renforcer les tensions entre peuples européens.
La nouvelle erreur du comité Nobel
Mais que se passe-t-il au sein du comité Nobel ? Ont-ils perdu la tête ? On pouvait déjà le croire quand il avait accordé à Barack Obama le prix Nobel de la paix, peu après son élection, et alors qu’il n’avait pas fait grand chose. Et avec le recul, même s’il est vrai qu’il a mis en œuvre le départ d’Irak et qu’il a entamé celui d’Afghanistan, cette distinction est pour le moins paradoxal pour un homme qui n’a pas fermé Guantanamo ni particulièrement œuvré pour la paix dans le monde.
Mais après ce premier couac très critiqué, le comité Nobel a décerné à l’Union Européenne le prix Nobel de la paix cet automne, déclenchant à nouveau une polémique. Même si je trouve totalement abusif un tel prix, le comité Nobel s’est en plus trompé d’époque. Autant avant la crise de la zone euro, un tel prix était davantage défendable, autant aujourd’hui cela est définitivement ridicule, quand les Grecs accueillent Angela Merkel avec des pancartes « Quatrième Reich »…
Aujourd’hui, les peuples européens se déchirent, embourbés qu’ils sont dans une construction européenne qui emmène leur économie vers le fond, qui sape leurs démocraties et sert les grands lobbys. La Grande Bretagne se rapproche chaque jour de la sortie, comme le rapporte le dernier dossier de The Economist. Les pays créditeurs suggèrent aux pays créanciers une vente de leur patrimoine. Et ces derniers dénoncent la mainmise de l’Allemagne, comme Il Giornale en Italie.
Quand l’Union Européenne est nue
Bref, alors que la crise de la zone euro sème la discorde entre les européens, divisés sur les modalités des plans d’aide aux créanciers des pays en difficulté, les plans de restructuration ou même l’union bancaire, il est totalement ubuesque de donner une telle récompense à l’Union Européenne. Mais par-delà ce problème de tempo, on peut également soutenir qu’un tel prix relève d’une lecture extrêmement hâtive et biaisée de l’histoire récente de l’Europe depuis la fin de la guerre.
En effet, il est totalement abusif d’attribuer au projet européen la responsabilité de la paix. S’il a pu y contribuer, d’autres facteurs, bien plus importants, ont joué. Déjà, la prospérité économique et les horreurs de la guerre ont été un puissant ferment de paix. Et surtout, l’arme atomique a joué un rôle majeur dans la paix du continent, de même que l’équilibre de la Guerre Froide jusque dans les années 1980. Bref, il est totalement ridicule de distinguer de la sorte l’UE.
N’en déplaise aux eurolâtres du Taurillon, toujours prompts à des procès en sorcellerie ridicules, les inventeurs de la bombe atomique ont une responsabilité sans doute bien plus grande dans le fait que notre continent soit resté en paix. Mais il est sans doute difficile pour eux de remettre en cause le dernier bienfait de cette Union Européenne dont il n’est plus possible de dire aujourd’hui qu’elle a apporté croissance et emplois. D’où la crispation à défendre ce ridicule prix Nobel.
Ce faisant, les techno-hiérarques de l’UE démontrent une nouvelle fois leur coupure d’avec la réalité. Au moment où le chômage et la misère s’envolent en Europe, le spectacle de cette auto-congratulation totalement ridicule est d’une furieuse indécence.