Les chefs de la diplomatie de l’Otan se retrouvent à Bruxelles, à six semaines d’un sommet crucial à Varsovie, pour finaliser le renforcement militaire de l’Alliance sur son flanc est, sans précédent depuis la fin de la Guerre froide, face à une Russie jugée « agressive ».
Lors d’un sommet à Varsovie début juillet, les dirigeants des 28 pays de l’Alliance atlantique doivent décider d’envoyer davantage de troupes dans les pays baltes et en Pologne afin de parachever « l’adaptation (militaire) la plus importante jamais entreprise depuis la fin de la Guerre froide », selon son secrétaire général Jens Stoltenberg.
Ce renforcement militaire de l’Otan, qui a multiplié depuis deux ans ses manoeuvres et patrouilles maritimes, terrestres et aériennes à l’Est, et entrepris une série de réformes pour augmenter la rapidité de déploiement et la flexibilité de ses forces, devrait culminer avec l’envoi – par rotations – de plusieurs bataillons avec leurs équipements de combat dans des pays partageant une frontière avec la Russie.
Sur le front politique, le Monténégro, petite république des Balkans, signe jeudi lors d’une cérémonie à Bruxelles son protocole d’adhésion à l’Otan, qui doit encore être ratifié par les parlements des 28. Moscou, qui y voit un empiétement sur sa sphère d’influence, s’est insurgé contre l’élargissement de l’Alliance dans cette zone stratégique à ses yeux.
« Notre approche face à la Russie allie une défense forte et la dissuasion au dialogue » avec Moscou, a souligné mercredi M. Stoltenberg, assurant que « l’Otan ne cherche pas la confrontation ». « Il est dans l’intérêt de tous d’éviter une nouvelle course aux armements », a-t-il insisté.
Les tensions se sont récemment ravivées à propos du bouclier antimissiles américain en cours de déploiement en Roumanie et en Pologne, dont l’Otan va prendre le commandement.
Des incidents militaires, plus ou moins graves, ont lieu à intervalles réguliers. En novembre 2015, la Turquie a abattu un avion de chasse russe qui avait, selon elle, pénétré dans son espace aérien depuis la Syrie. Plus récemment, des avions russes ont survolé un destroyer américain en mer Baltique.
Après une première rencontre en 20 mois au siège de l’Otan le 20 avril, une nouvelle réunion entre les ambassadeurs alliés et leur homologue russe pourrait être organisée avant le sommet de Varsovie (8 et 9 juillet). Son objectif : éviter que des incidents ne dégénèrent et augmenter la « transparence » ainsi que la « prévisibilité » militaires.
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Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a tancé jeudi [19 mai 2016] le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, pour ses propos tenus vendredi à Bruxelles au sujet de la prochaine réunion du Conseil Russie-Otan.
Sergueï Lavrov a été indigné par le fait qu’au mépris des usages diplomatiques, Jens Stoltenberg avait annoncé que les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance avaient décidé de tenir cette réunion avant le sommet de Varsovie prévu les 8 et 9 juillet.
« De quel droit l’a-t-il dit ? Le Conseil Russie-Otan fonctionne sur la base d’un consensus. S’ils veulent traiter cette question, il faut qu’ils le fassent avec nous », a déclaré Sergueï Lavrov, ajoutant que le secrétaire général de l’Otan « ne devait pas s’emparer du micro pour annoncer sa décision ».
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Le Conseil Russie-Otan a été créé en mai 2002 pour promouvoir les échanges de vues et la coopération entre la Russie et les Etats membres de l’Alliance.