Alors que les Etats-Unis craignent une attaque israélienne contre son programme nucléaire d’ici l’été prochain – le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, ayant même évoqué le mois d’avril – l’Iran a mis en orbite basse (250 à 370 km), le 3 février, un satellite d’observation appelé de 50 kg appelé Navid.
Cet engin a été lancé par une fusée Safir, qui ressemble à un missile balistique Shabab-3 auquel on aurait ajouté un étage supplémentaire. Selon l’Organisation spatiale iranienne, la durée de vie de ce satellite devrait être d’un an et demi. Sa mission est de prendre des photographies de la terre.
Comme l’a expliqué Ahmad Vahidi, le ministre iranien de la Défense, les images prises par Navid seront transmises à « plusieurs stations au sol installées à travers tout le pays ».
Il s’agit du troisième lancement de ce type effectué par l’Iran depuis février 2009, le premier ayant consisté à mettre sur orbite le satellite Omid. Le second, Rassid, avait été lancé en juin 2011.
Cela ne calmera les inquiétudes des chancelleries occidentales, qui craignent que le programme spatial iranien, élevé par Téhéran au rang de « priorité stratégique », ne soit qu’un prétexte pour développer des missiles balistiques à longue portée pouvant emporter des charges nucléaires, les technologies en ces deux domaines étant très similaires.
Quoi qu’il en soit, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a affirmé, le même jour, que son pays ne céderait pas face aux sanctions internationales visant son programme nucléaire fortement soupçonné par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’avoir une dimension militaire.
« Que les Américains et les autres sachent (…) que face aux menaces de guerre et aux menaces pétrolières, nous avons aussi nos propres menaces qui seront mises en oeuvre le jour venu si cela est nécessaire » a-t-il déclaré, le jour du 33e anniversaire de la révolution islamique iranienne.
« Toute guerre sera dix fois plus préjudiciable aux Etats-Unis que leurs menaces » qui ne font que « montrer leur impuissance » en menaçant (l’Iran), a encore ajouté l’ayatollah Ali Khamenei.
Et, visiblement, Téhéran semble se préparer à une confrontation future. Ainsi, le président Ahmadinejad a annoncé, le 2 février, une hausse de 127% du budget militaire iranien, qui s’élève officiellement, pour l’excercice en cours qui va se terminer en mars prochain, à environ 12 milliards de dollars.
Par ailleurs, la télévision d’Etat iranienne a rapporté, ce 4 février, que la production « en masse » du missile antinavire Zafar venait de commencer. Toujours selon cette dernière, cet engin serait capable d’évoluer à très basse altitude afin de déjouer les systèmes de détection.
A plusieurs reprises, les responsables iraniens ont laissé entendre, quand ils ne l’ont pas explicitement exprimé, qu’ils fermeraient le très stratégique détroit d’Ormuz, point de passage de plus du tiers du trafic pétrolier mondial. Pour les Etats-Unis, il s’agit-là d’une ligne rouge que Téhéran ne doit pas franchir.