Lundi 19 juin, en marge du salon du Bourget, les experts européens de la défense aérienne se sont réunis à l’occasion de la conférence sur la défense aérienne et anti-missile en Europe (CDAAME). L’objectif : susciter une prise de conscience en faveur d’une défense aérienne commune et souveraine.

« La guerre en Ukraine, nous offre, depuis le 24 février 2022, de nombreuses leçons en matière de menaces aériennes […] Face à ces nouvelles menaces, et alors que toutes les grandes puissances investissent pour leur défense aérienne, il est désormais impératif que l’Europe construise une stratégie autonome de défense de son espace aérien. »

C’est par ces mots que le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a posé le débat de la conférence sur la défense aérienne et anti-missile en Europe qui a eu lieu lundi 19 juin 2023 à la demande d’Emmanuel Macron, président de la République.

En marge du salon du Bourget, les experts européens des questions de défense, les représentants de l’Otan et de l’Union européenne se sont donc réunis pour mettre en commun leurs analyses prospectives et leurs expériences opérationnelles. Depuis plus d’un an et demi, la guerre en Ukraine offre de nombreuses leçons en matière de menaces aériennes. Face à l’emploi massif des missiles de croisières et des drones par les forces armées russes, les systèmes de défense sol-air livrés à l’Ukraine par la France et par ses alliés sont d’une importance capitale.

La guerre en Ukraine « a révélé plus nettement les menaces qui pèsent sur la maîtrise de l’espace aérien européen », résume le général Jean-Marc Vigilant, chef de l’équipe projet en charge de la CDAAME. Le recours désinhibé à la violence pour régler un différend politique entre États a notamment provoqué une prise de conscience chez les Européens. Selon le général, « ces menaces ont toujours été présentes. Simplement, elles étaient jugées faiblement probables en Europe. »

Au-delà de l’exemple ukrainien, les Européens doivent prendre en compte l’émergence des drones bon marché, utilisables par des groupes terroristes, la prolifération de missiles balistiques dans un pays comme l’Iran, ainsi que le déploiement de ballons de renseignement en très haute altitude.

Des Mistral achetés en commun

Dans un premier temps, la conférence a abordé la question sous un angle stratégique pour qualifier la menace et pour définir la marche à suivre. Si les intérêts vitaux du continent sont protégés par les dissuasions nucléaires de la France et de l’Otan, il n’est pas à l’abri des stratégies de contournement par le bas. Celles-ci consistent à mener des actions agressives difficilement attribuables et sous le seuil de la riposte nucléaire. Face à cette menace, il convient de renforcer les moyens défensifs et offensifs, notamment des capacités de frappe dans la profondeur, permettant de détruire les capacités d’attaque aérienne sur le continent européen.

La conférence s’est ensuite concentrée sur les réponses capacitaires et sur l’importance de développer des solutions industrielles européennes. A ce sujet, Sébastien Lecornu a rappelé la nécessité d’adapter les capacités actuelles pour anticiper les menaces d’aujourd’hui et de demain : « Les solutions européennes existent et sont nombreuses, sur tous les segments clés de la défense aérienne. »

Comme un symbole de cette volonté de développement d’une défense aérienne commune et souveraine, la journée s’est terminée par la signature d’une lettre d’intention entre la France, la Belgique, Chypre, la Hongrie et l’Estonie pour une acquisition conjointe de missiles Mistral. « Un très bel exemple de coopération souveraine des européens sur une gamme pertinente et qui n’était pas assez couverte », a salué Emmanuel Macron, venu conclure les débats. À cette occasion, il a également annoncé que le système de défense sol-air de moyenne portée SAMP/T, de fabrication franco-italienne, est actuellement déployé en Ukraine « où il protège des installations clefs et des vies. »

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