Ce mois-ci, le 7 milliardième être humain devrait naître sur la Terre, et nous devrions être 10 milliards d’individus sur la planète à la moitié de ce siècle. Ces 3 milliards de personnes supplémentaires que nous attendons devraient provenir essentiellement des pays en développement, notamment d’Afrique et du sous-continent indien, et la plupart devraient provenir de zones urbaines.
Joel Cohen, un démographe de l’université Rockefeller de New York, rappelle qu’il n’y avait que 3 Européens pour chaque Africain de la zone sub-saharienne en 1950, mais qu’en 2100, il devrait y avoir 5 Africains pour 1 Européen. Ce renversement démographique va forcément s’accompagner de changements politiques et environnementaux.
Au moment où Malthus concevait sa politique de contrôle des naissances, la population du monde était de moins d’un milliard. Mais la croissance démographique est exponentielle, et il aura fallu moins de 50 ans pour que la population double et franchisse la barre des 7 milliards. Cette croissance s’est accompagnée d’un vieillissement de la population, et alors que l’espérance de vie n’était que de 46 ans en 1950 en moyenne dans le monde, elle est aujourd’hui de 70 ans et dépasse même 80 ans dans les pays occidentaux.
C’est d’ailleurs de ces pays que proviennent les plus fortes consommations, et, partant, les plus fortes pressions environnementales, alors que les taux de natalité y sont désormais les plus bas. Pour ces pays, l’enjeu ne sera pas la surpopulation, mais au contraire d’apporter des solutions à la dépopulation. Au Japon, par exemple, le nombre de sexagénaires devrait croître de 31% à 42% de la population en 2050. Pour David Bloom, professeur d’économie et de démographie à l’école de santé publique de l’université d’Harvard, il sera nécessaire de prendre des mesures pour y faire face, telles qu’inciter les femmes à travailler, développer le taux d’épargne des citoyens, reculer l’âge de la retraite, mais aussi, encourager l’immigration.
Ce dernier point n’est pas anodin : on estime en effet que d’ici 2050, il faudrait que l’Europe accueille 1,3 milliards d’immigrés pour maintenir le rapport entre les actifs et les inactifs dans la population, ce qui ne sera pas sans poser un immense risque de déstabilisation, au niveau politique et social.
Selon Cohen, les gouvernements des pays pauvres doivent aussi se préparer à l’urbanisation, avec 2,5 milliards de personnes à 3 milliards migrant vers les villes des pays pauvres sur les 40 prochaines années, c’est-à-dire un million de nouveaux venus dans les villes tous les 5 jours. Cela suppose que des politiques soient mises en place pour permettre d’assurer l’accueil de ces populations d’origines diverses, que ce soit sur le plan de la santé, de l’éducation, ou même au niveau culturel.
Les pays riches doivent embrasser de nouveaux styles de vie et développer des réponses technologiques pour lutter contre le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources naturelles que ceci va nécessairement induire. S’ils échouent à s’adapter, ce seront les plus pauvres qui devront en payer le prix, et qui devraient finalement être contraints de trouver leurs propres solutions pour ces problèmes que les pays riches n’ont toujours pas réussi à dominer.