Le hasard de l’actualité a voulu que l’attentat contre Charlie Hebdo intervienne à un moment critique pour une Europe désormais au bout de son projet commun.
Charlie Hebdo a fait oublier la crise grecque
Si, bien entendu, rien n’est plus tragique que les assassinats en règle auxquels nous avons assisté, l’Europe doit dans le même temps amortir le choc structurel de la Grèce et de son vacillement politique. Alors que la question du terrorisme islamiste est politiquement simple à traiter et techniquement complexe à résoudre (comment vaincre un ennemi invisible, qui est à la fois « dedans » et « dehors »), la question grecque se pose de façon totalement inverse : elle est techniquement très simple et politiquement insoluble.
Techniquement simple, car la seule bonne décision à prendre est de restructurer la dette grecque. Celle-ci s’élève à 180 % du PIB, et il faudrait des générations de sacrifice aux Grecs pour espérer un jour revenir à une situation soutenable. À titre d’exemple, la Grèce doit en juin honorer une traite de 10 milliards, alors qu’elle a péniblement dégagé un excédent de 3 milliards. Autrement dit, il faudrait dégrader infiniment le niveau de vie grec, et plonger cette terre dans de profondes ténèbres pour lui permettre de tenir ses engagements financiers.
Tout esprit raisonnable sait que, dans tous les cas, le refus de restructurer la dette grecque non seulement tuera la Grèce à très brève échéance, en la promettant à toutes les aventures politiques, mais tuera l’Europe elle-même qui restera à jamais associée au spectre de l’intransigeance financière du riche face au pauvre.