Les héritiers de la couronne de France vendent 200 pièces aux enchères. L’État, qui dilapide le patrimoine commun sans aucune stratégie, ne fait pas mieux.
Ce mercredi se termine la mise aux enchères de meubles, tableaux, objets et bijoux vendus par les héritiers du comte et de la comtesse de Paris, parmi lesquels un fragment de manteau de Saint Louis ou la lanterne de l’espion royal et général vendéen Cadoudal. Mais les héritiers de la famille royale ne sont pas seuls à céder une partie de leur patrimoine pour financer des dépenses courantes. L’État français, qu’il soit gouverné par la droite ou par la gauche, fait la même chose depuis des années.
L’équation qui préside à ces ventes des bijoux de famille est des plus simples, et des plus attristantes : utiliser le produit des cessions de patrimoine comme recettes de poche. Un particulier qui agirait ainsi se retrouverait vite dans une impasse. Pas l’État, ou du moins pas tout de suite. Et le temps que son impéritie éclate au grand jour, le gouvernement a changé, si bien que les nouveaux responsables peuvent très facilement invoquer les erreurs commises par leurs prédécesseurs. Facile ! La dernière en date remonte à mars 2015, avec la vente de la participation de 4 % dans le groupe d’aéronautique et de défense Safran. Afin de colmater les trous dans le déficit public, ce qui est de nature à déplaire à Bruxelles, le gouvernement prive la collectivité des dividendes qui, chaque année, étaient versés par Safran. Le tout à un moment où les taux d’intérêt sont proches de zéro. Une opération qui non seulement ne rapporte pas, mais qui représente finalement un manque à gagner pour la collectivité. Les privatisations qui se sont déroulées depuis 1986 obéissent toutes à la même règle : jamais, ou si peu, l’argent qui en a été retiré n’a servi à financer des projets d’investissement.
L’exemple caricatural des autoroutes
En 2005, François Bayrou avait dénoncé la cession de 9 000 des 12 000 kilomètres du réseau autoroutier à des opérateurs privés par Dominique de Villepin. D’une part, celle-ci s’est réalisée en catimini, sans aucun débat au Parlement comme la loi l’exigeait pour les privatisations.