Les États-Unis et leurs alliés européens se sont alarmés lundi d’une escalade du conflit en Libye soumise à l’anarchie, tandis que les Émirats arabes unis ont mené secrètement des frappes aériennes contre des milices islamistes, avec l’appui de l’Égypte.
Dans un communiqué commun, Washington, Paris, Londres, Berlin et Rome ont condamné avec force une escalade des combats et des violences en Libye et réclamé la poursuite d’une transition démocratique dans ce pays en plein chaos semé par des groupes islamistes.
Les pays occidentaux, qui étaient intervenus militairement en Libye en 2011, ont également dénoncé les interférences extérieures en Libye qui exacerbent les divisions du pays, en allusion aux Emirats arabes unis et à l’Égypte accusés d’avoir conduit des raids aériens pour empêcher ces islamistes de prendre le contrôle de l’aéroport de Tripoli.
Selon le New York Times, qui a révélé l’information, les premières frappes ont eu lieu il y a une semaine à Tripoli contre des positions tenues par les milices et un dépôt d’armes. Six personnes sont mortes dans ces raids, selon le journal.
Une deuxième série de frappes a eu lieu au sud de la capitale libyenne tôt samedi et a visé des lance-roquettes, des véhicules militaires et un entrepôt, selon le quotidien.
Les Émirats arabes unis ont mené ces raids, ont confirmé à l’AFP deux responsable américains à Washington, assurant que leur gouvernement n’avait pas participé, ni directement, ni indirectement, à ces opérations.
D’après le New York Times, les Emirats ont utilisé leurs appareils et leurs équipages et l’Égypte a prêté des bases aériennes. Les deux responsables américains l’ont ensuite confirmé mais n’ont pas précisé si les Émirats et l’Égypte avaient prévenu Washington de ces opérations.
Les Émirats arabes unis ont acheté pour plusieurs milliards de dollars d’armes, d’équipements et d’avions militaires américains.
Auparavant, le département d’État n’avait pas tenu à commenter ces informations. Jeudi dernier, la diplomatie américaine avait semblé surprise, assurant n’être aucunement liée aux frappes.
Washington a préféré relayer lundi l’appel commun des États-Unis, de l’Union européenne et de ses principaux États membres pour que toutes les parties en Libye acceptent un cessez-le-feu immédiat et s’impliquent de manière constructive dans un processus démocratique.
Les responsables des violences qui sapent la transition démocratique et la sécurité nationale de la Libye doivent rendre des comptes, ont martelé Américains et Européens, se félicitant d’une réunion dans les prochains jours du Conseil de sécurité de l’ONU.
L’Assemblée libyenne sortante, réunie à Tripoli, a chargé lundi un pro-islamiste de former un gouvernement de salut national, dans un geste de défi au cabinet provisoire installé dans l’extrême est du pays et qui semble incapable de reprendre la main face aux milices semant le chaos.
La situation dans le pays, en proie à l’anarchie depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, risque ainsi de devenir encore plus complexe : la Libye pourrait se voir dotée de deux gouvernements concurrents, parallèlement à ses deux Parlements rivaux.