Le gouvernement australien a beaucoup tergiversé dans le programme visant à doter la Royal Australian Navy (RAN) de 12 nouveaux sous-marins. Sans remettre en cause le bien-fondé de cette opération, il a en effet changé plusieurs fois son fusil d’épaule sur le processus d’acquisition de ces navires.
En décembre dernier, Canberra annonça avoir renoncé à lancer un appel d’offres. « Nous devons prendre des décisions maintenant et n’avons pas le temps de nous engager dans un processus spéculatif », avait fait valoir Joe Hockey, le ministre australien des Finances.
En outre, il n’était plus question de faire assembler ces sous-marins par le chantier naval ASC (Australian Submarine Corporation), le ministre de la Défense d’alors, David Johnston, ayant même dit à leur sujet qu’il n’en voulait « même pas pour construire un canoë », avant de s’excuser platement.
Aussi, la voie était royale pour les constructeurs japonais Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Heavy Industries et leur sous-marin de la classe Soryu, d’autant plus que Canberra et Tokyo cherchent à approfondir leurs relations militaires.
Finalement, cette semaine, le gouvernement australien a de nouveau changé de cap en lançant un appel d’offres, le Premier ministre, Tony Abbott, ayant été contraint, au sein de son propre parti, de faire des concessions sur ce dossier d’importance puisque près de 50 milliards de dollars australiens (35,37 milliards d’euros) sont en jeu.
Ainsi, Canberra a invité le français DCNS, l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) ainsi que Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Heavy Industries, à soumettre leurs offres.
Le suédois Kockums, racheté par Saab en juillet 2014, n’a pas été sollicité, alors qu’il avait fourni les 6 sous-marins de la classe Collins actuellement mis en oeuvre par la marine australienne. Et pour cause : un rapport avait estimé que ces derniers présentaient des performances insuffisantes pour atteindre « le niveau requis pour les opérations militaires », en raison d’une « myriade de déficiences dans leur désign et des limitations opérationnelles conséquentes liées à la plate-forme et aux systèmes de combat ».
Lors du Future Submarine Sommet, organisé le 25 mars à Adelaïde, le nouveau ministre de la Défense, Kevin Andrews, a affirmé que l’Allemagne, la France et le Japon étaient apparus conme des « partenaires internationaux » potentiels. Pour le moment, TKMS et DCNS, qui pourrait soumettre son concept SMX « Ocean » (lequel semble être taillé sur-mesure pour les besoins de la marine australienne), ont fait part de leur intérêt pour cet appel d’offres.
En revanche, et au contraire de leurs concurrents, Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Heavy Industries n’ont envoyé aucun représentant à Adelaïde, ce qui a surpris la presse japonaise. Selon le quotidien Japan Times, les deux industriels auraient refusé l’invitation qui leur avait été adressée par les organisateurs du Future Submarine Sommet.
« Nous ne prévoyons pas d’envoyer quelqu’un. La question des sous-marins est entre les mains de ministère (japonais) de la Défense », a affirmé un porte-parole de Mitsubishi Heavy Industries, sollicité par le Japan Times.