Les faits : l’ONG Human Rights Watch, qui surveille l’application des droits de l’homme partout dans le monde et qui dénonce les pays qui y dérogent, accuse l’Arabie saoudite, à travers ses gardes-frontières, de tuer chaque année des centaines de migrants éthiopiens venus du Yémen et qui tentent d’entrer en Arabie.
Le site d’informations international en français i24news parle même de « milliers » de morts possibles, abattus à la mitrailleuse et au mortier.
« Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d’asile dans cette zone frontalière reculée, à l’abri du regard du reste du monde », a déclaré dans un communiqué Nadia Hardman, spécialiste des migrations à HRW. Les « milliards dépensés » dans le sport et le divertissement « pour améliorer l’image de l’Arabie saoudite » ne devraient pas détourner l’attention de « ces crimes horribles », a-t-elle fustigé.
Étrange retournement israélien de la part du pays qui avait normalisé ses relations avec l’Arabie saoudite, pas officiellement, mais c’était en voie d’apaisement. L’entente s’était faite sur le dos des Palestiniens, comme toujours. Cependant, le rapprochement récent de l’Arabie saoudite, qui se sent abandonnée par les Américains, avec la Russie, et surtout avec l’Iran grâce à l’entremise de la Chine, peut expliquer un tel retournement et de telles accusations. Car si les Saoudiens abattent depuis longtemps des migrants africains, pourquoi ne l’apprend-on que maintenant ?
La vidéo de HRW ne montre pas de massacres, mais des blessés et des témoignages oraux :
Saudi authorities are spending billions on sports-washing to improve their image.
But out of public view, Saudi border guards have killed at least hundreds of Ethiopian migrants and asylum seekers, including women and children, who tried to cross the Yemen-Saudi border. pic.twitter.com/1XmJavfxWI
— Human Rights Watch (@hrw) August 21, 2023
Le blessé le plus cher du monde
Le fait qui est avéré, c’est celui de l’intense soft power culturel et sportif des autorités saoudiennes, qui veulent par exemple faire de Al-Hilal un grand club international. Ils ont appâté Messi, parti finalement au soleil de Miami (avec ses boîtes et ses filles), puis Bernardo Silva. Le gros coup s’appelle Neymar, qui est déjà blessé, mais ce n’est pas le sujet du jour :
La grande vie commence pour le le footballeur Neymar. Le prince Al Waleed bin Talal, cousin du Premier ministre saoudien, lui a prêté un Boeing 747 pour effectuer le trajet Paris-Riyad.
Et une fois en Arabie saoudite, voici ce qu’il recevra sur place :
• Salaire de 147… pic.twitter.com/NbV4H0wNNf
— Bruno Guglielminetti | Mon Carnet (@Guglielminetti) August 20, 2023
Si les tueries de migrants sont avérées, nous rappellerons que le couple « soft power-massacres de civils » est la spécialité des États-Unis, qui ont toujours détruit les peuples rétifs à l’américanisation, tout en arrosant le monde de leur démocratie et de leurs produits.
L’Arabie fait pareil, à son échelle : elle n’a pas assassiné un demi-million d’Irakiens (Le Monde parle de 100 000, Le Figaro de 200 000, Les Échos de 900 000 morts) pour finir par abandonner le pays, ramené à l’âge de pierre. Cependant, le pays de ben Salmane a tué énormément de civils yéménites par ses bombardements.
Pour info, 750 000 Éthiopiens vivent en Arabie, dont 450 000 entrés sans autorisation selon i24news. C’est le conflit qui frappe le nord de l’Éthiopie – la guerre dite du Tigré – qui pousse ses habitants à partir. Les victimes se comptent par centaines de milliers. Comme pour la guerre du Congo, qui a fait des millions de morts, le monde occidental s’en fout. Sauf lorsque ses intérêts sont en jeu.