L’un des chefs de l’opposition syrienne et ses soutiens saoudiens ont lancé un appel afin de redonner du souffle à une rébellion syrienne en perte de vitesse.
À l’occasion de l’ouverture à Koweït du sommet annuel de la Ligue arabe, le prince Salmane Ben Abdel Aziz a déclaré que :
« La résistance syrienne légitime a été trahie par la communauté internationale, qui en a fait une proie facile livrée à des forces iniques. Pour sortir de l’impasse en Syrie, il faut favoriser un changement des rapports de force sur le terrain, en apportant le soutien que mérite l’opposition, représentant légitime du peuple syrien. »
L’héritier du trône d’Arabie saoudite a demandé à ce que la rébellion syrienne s’empare du siège vacant de la Syrie au sommet arabe :
« Il faut remédier à cette situation (...) pour adresser un message fort à la communauté internationale afin qu’elle change d’attitude face à la crise syrienne. »
L’intervention fébrile du Prince, l’un des principaux artisans de la déstabilisation de Bachar al-Assad, intervient alors que les jihadistes qui sévissent dans le nord de la Syrie ont subi plusieurs revers à la suite de la reconquête de la ville de Yabroud et du Krak des Chevaliers. Après cet appel, qui peut s’apparenter à un baroud d’honneur, le Prince est rentré au pays, sans s’intéresser aux travaux qui doivent durer deux jours.
En quatre ans de conflit, la Russie et l’Iran n’ont jamais cessé leur soutien à Damas, contrairement aux puissances occidentales dont le soutien aux rebelles a été fluctuant, et souvent uniquement verbal, au grand dam de l’Arabie Saoudite et du Qatar qui peinent, seuls, à emporter une victoire décisive sur l’Armée arabe syrienne.
L’un des chefs d’une opposition syrienne divisée, Ahmad Jaraba, invité lui aussi du sommet, a réclamé le transfert sous son autorité des ambassades syriennes dans le monde et a appelé ses hôtes à « faire pression sur la communauté internationale afin qu’elle fournisse des armes sophistiquées aux combattants de l’opposition ». Il a également ajouté que « le fait de garder vacant le siège de la Syrie à la Ligue arabe est un message au régime d’Assad, l’encourageant à continuer à tuer les Syriens » .
L’Irak et l’Algérie se sont opposés à l’octroi du siège de la Syrie à l’opposition.
Ce 25ème sommet de la Ligue arabe se déroule dans un climat de tension entre le Qatar et un groupe de pays composé de l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn, qui ont protesté contre l’ingérence du petit émirat dans leurs affaires et sont en profond désaccord avec celui-ci sur son soutien à l’organisation des Frères musulmans.
Le Qatar, isolé au sein des pays arabes, a tenté de « calmer le jeu », par la voix de son dirigeant, l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani :
« Nous soulignons les relations de fraternité qui nous lient à l’Égypte, la grande sœur, à laquelle nous souhaitons la stabilité politique et tout le bien à son peuple. »
Des propos doucereux qui n’ont pas troublé l’ambassadeur égyptien, qui a déclaré que « les blessures [avec le Qatar] sont trop profondes ».
Il semble que la division des pays arabes qui souhaitent un changement de régime à Damas et l’absence de résultats sérieux sur le terrain aboutissent à moyen terme à une fin des hostilités, après quatre années de conflit en Syrie, qui ont déjà fait près de 150 000 morts, 9 millions de réfugiés et causé la destruction d’une grande partie du pays.