Même si leur montant a baissé de 800 millions d’euros en 2011 par rapport à l’exercice précédent, les exportations d’armes allemandes ont triplé en 10 ans, pour atteindre 1,29 milliard d’euros. Et la tendance va certainement s’accentuer puisque les autorisations de vente de matériels militaires ont bondi, toujours l’an passé, à 5,4 milliards d’euros.
Jusqu’à présent, la politique officielle allemande en la matière était de ne pas exporter d’armes vers des pays instables dans lesquels les droits de l’homme n’étaient pas respectés et de garantir la sécurité d’Israël. C’est pourquoi ce dernier a pu acquérir, dans des conditions défiant toute concurrence, des sous-marins à propulsion classique dérivés du type 212.
Mais ce qui était un tabou à Berlin tend progressivement à s’effacer. Sans doute que l’intervention de l’Otan contre la Serbie, en 1999, a commencé à faire évoluer les choses outre-Rhin. C’était en effet la première fois que des forces allemandes prenaient part à une opération offensive depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale…
Quoi qu’il en soit, l’approche allemande en matière d’exportations d’armes a changé. Ces derniers temps, Berlin a vendu deux corvettes à l’Algérie, qui souhaite passer commande de 1.200 véhicules blindés. Il est aussi question de livrer au moins 270 chars Leopard 2 à l’Arabie Saoudite, ce qui n’a pas manqué de susciter des polémiques outre-Rhin. A cela, il faut encore ajouter des contrats en Indonésie ainsi que la vente de deux sous-marins à l’Egypte.
Dernier cas en date, révélé une nouvelle fois par l’hebdomadaire Der Spiegel : la discussion qui a récemment eu lieu au sein du conseil de sécurité présidée par la chancelière Angela Merkel au sujet de la vente potentielle de quelques centaines de blindés de type ARTEC Boxer à l’Arabie Saoudite.
Cette évolution peut s’expliquer par la recherche de nouveaux débouchés pour l’industrie allemande de l’armement, laquelle est confrontée à la baisse des budgets militaires européens. Mais pas seulement.
Lors d’un discours prononcé lors du congrès annuel de la Bundeswehr, en octobre dernier, Angela Merkel a expliqué que les exportations d’armes contribuaient à la sécurité de l’Allemagne. « Il est dans notre intérêt d’aider nos partenaires à établir ou à maintenir de manière efficace la sécurité et la paix dans leurs régions », a-t-elle affirmé. « Ceux qui se sentent responsables du maintien de la paix mais ne peuvent pas jouer un rôle actif dans toutes les régions du monde, sont appelés à aider leurs partenaires dignes de confiance à prendre cette tâche à leur compte », a-t-elle ajouté. Comment ? En leur fournissant des armes, a-t-elle fait valoir. CQFD.