Tous les observateurs le reconnaissent, l’Afrique du Sud n’a jamais connu une crise aussi grave depuis la fin de l’apartheid en 1994 et l’arrivée au pouvoir de l’ANC de Nelson Mandela. Depuis des semaines, l’opposition veut pousser le président Jacob Zuma à la démission. Empêtré dans une affaire d’abus de bien sociaux, le chef de l’État a été très fragilisé en pleine crise économique.
- Les députés de l’opposition radicale vêtus de leurs combinaisons rouges quittent l’hémicyle du parlement sud-africain dans le vacarme, le 11 février 2016. Ils ont interrompu pendant une heure le discours de Jacob Zuma
Jacob Zuma a dû patienter pendant une heure, alors qu’il prenait la parole au parlement du Cap, le 11 février 2016. Son discours sur l’état de la nation a été interrompu par les députés de l’opposition radicale vêtus de leurs traditionnelles combinaisons rouges et de leurs casques d’ouvriers.
Ils ont chanté des slogans hostiles au chef de l’État avant de quitter l’hémicycle dans le vacarme.
« Zuma ne mérite le respect de personne. Il nous a volés, il a corrompu l’économie de l’Afrique du Sud, nous ne le reconnaissons pas comme président », a martelé Julius Malema, leader des Combattants de la liberté économique.
« Rends l’argent ! Rends l’argent ! »
Jacob Zuma voleur ? Ses détracteurs le traite de tous les noms depuis qu’il est au cœur du « scandale Nkandlla », du nom de sa luxueuse résidence provinciale privée, rénovée aux frais du contribuable pour l’équivalent de 20 millions d’euros. Même ses avocats ont fini par reconnaître que l’affaire a « traumatisé la nation ».
Le scandale de Nkandla est devenu un véritable boulet pour le président et un symbole des accusations de corruption qui planent sur son gouvernement et son parti, le Congrès national africain.
Sous couvert de travaux de sécurité, la maison avait notamment été enrichie d’un poulailler, d’un amphithéâtre ou encore d’une piscine, décrite comme « un réservoir d’eau en cas d’incendie ». Tout cela aux frais du contribuable.
En 2014, la médiatrice de la République chargée de veiller à l’utilisation des deniers de l’État s’empare du dossier et rend un rapport accusant Jacob Zuma d’avoir « indûment bénéficié » des travaux. Elle recommande que l’intéressé rembourse une partie des sommes.