Pretoria veut apposer un label spécial sur les importations en provenance des colonies juives de Cisjordanie. À Jérusalem, la décision scandalise.
"Discriminatoire", "raciste". Au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, on n’a pas de mot trop fort pour protester contre la décision du gouvernement sud-africain d’apposer un label spécial sur les importations en provenance des colonies juives de Cisjordanie. Sur sa page Facebook, le numéro deux du ministère, Danny Ayalon, n’a même pas essayé de garder le ton feutré de la diplomatie. "Malheureusement, il apparaît que l’Afrique du Sud reste un pays d’apartheid. Un apartheid dirigé aujourd’hui contre Israël et aussi contre ses propres mineurs grévistes. Au lieu de décider de marquer les produits israéliens, le gouvernement sud-africain aurait mieux fait de prendre une décision courageuse à l’égard de 34 mineurs innocents qui voulaient seulement améliorer leurs conditions de travail..." Des propos furibonds assortis d’une protestation officielle à l’endroit de Pretoria, lors d’une rencontre entre l’ambassadeur sud-africain, Ismaïl Coovadia, et l’un des responsables du département Afrique au ministère.
Du côté du maire de la grande colonie de Maalé Adoumim, aujourd’hui une ville de près de 40 000 habitants, on n’est pas en reste. Mais avec une autre tactique : celle de la défense des Palestiniens. Dans une lettre adressée au chef de la diplomatie sud-africaine, Benny Kashriel explique que "cette politique de Pretoria va finalement porter atteinte aux Palestiniens employés dans l’agroalimentaire israélien." Et de donner l’exemple des entreprises situées dans le parc industriel de sa ville où, selon lui, travailleraient 2 500 palestiniens de Cisjordanie. "Tout dommage à ces usines entraînerait leur fermeture et donc le licenciement des travailleurs palestiniens", menace Kashriel, qui ajoute : "La décision sud-africaine pourrait provoquer un contre-boycott visant les produits palestiniens, ce qui porterait atteinte au commerce palestinien." En clair, loin de punir Israël, la décision sud-africaine se retournerait contre ceux qu’elle entend protéger !
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