Monseigneur Vingt-Trois s’est indigné, ce week-end, de ce que les équipes de presse.... .. de l’Elysée ont fait retirer le portrait de l’abbé Pierre, alors que le François Hollande visitait un local de l’association Emmaüs. Visiblement, l’image du fondateur était trop dérangeante… Cet épisode révèle, une fois de plus, au-delà de l’hostilité de la Gauche vis-à-vis des catholiques, une incompréhension totale de ce qu’est la laïcité, en France.
Peut-être s’agit-il seulement d’un pur souci d’image : la photo du vieil abbé ne passait pas bien à l’écran. Mais l’aurait-on fait pour une autre personnalité ? Peut-être que l’Elysée ne voulait pas que le président s’affiche avec un personnage catholique symbolique à l’heure des débats de société virulents. Mais, à l’approche de Noël, ce n’est pas très adroit. En réalité, on voit bien que ce qui pose problème, c’est que l’abbé Pierre est un personnage religieux.
Il semble que la Gauche n’aime pas les Catholiques. Il y a eu Cécile Duflot, qui s’en prenait à l’Eglise et menaçait de la réquisitionner, oubliant que l’Eglise en fait énormément, pour aider les plus fragiles, dans la société, et certainement plus que les Verts. Il y a aussi évidemment le débat sur le mariage homosexuel, dans lequel le droit de l’Eglise à s’exprimer est dénié. Il y a, enfin, cette nouvelle anecdote.
Ces comportements sont regrettables, car ils poussent les fidèles loin d’une Gauche, qui, à une époque, avait su les accueillir. Aujourd’hui, ces "cathos de Gauche" sont en décalage avec la ligne de la majorité : au PS, ils font part de leurs extrêmes réserves (pour ne pas dire leur opposition) sur le mariage homosexuel (voir la contribution des Poissons Roses, signée notamment par Michel Rocard ou Jean-Pierre Mignard, leur tribune avec Frigide Barjot, et leur appel à des états généraux). La Gauche semble les abandonner, ne leur proposant plus aucun discours, au profit des minorités qu’elle semble leur préférer. Dans le même temps, les catholiques votent plus à droite, faisant du vote religieux un vote identitaire.
L’épisode n’est pas anodin ni propre à la Gauche : il est révélateur d’une laïcité toujours plus fermée. La laïcité repose sur un double principe : liberté de culte d’une part, neutralité des collectivités publiques et de leurs représentants d’autre part. Le premier pilier semble trop souvent oublié et conduit à ce que l’Etat ne cesse de vouloir contrôler ce qui se dit chez les "intégristes" catholiques ou dans les mosquées, de décider quand et comment les cultes doivent se faire. En France, l’Etat ne cesse de se mêler de religion. Quant au second pilier, il fait l’objet d’une extension continue depuis la fin des années 1990, au détriment de la liberté de culte : certains usagers du service public sont désormais tenus d’être neutres eux aussi (les élèves des écoles) ; la droite a même commencé à étendre l’obligation de neutralité à l’espace public (la loi sur la burqa), reprise en cœur par le Sénat de gauche qui a voulu interdire même à certaines personnes de pratiquer dans l’espace privé, au prétexte qu’elles recevraient un agrément public.
La Gauche avait promis qu’une fois au pouvoir, elle rétablirait la sérénité en matière de laïcité. Les épisodes récents montrent que si la cible a plus ou moins bougé de l’islam vers le catholicisme, la laïcité reste toute aussi incomprise et les religions tenues en hostilité…