« J’ai peur pour l’avenir du sport français. J’ai toujours eu l’impression qu’on voulait des grands sportifs, mais qu’on n’en donnait pas les moyens. Ce qui se passe en ce moment me donne un peu raison. »
Le champion du monde de décathlon Kevin Mayer s’insurge sur France Inter de la baisse de budget (de 30 millions) annoncée dans le secteur du sport. Il a même lancé une pétition à ce sujet. Des coupes franches qui vont faire mal aux programmes de préparation en vue des JO de Paris en 2024, mais surtout au sport amateur, la pépinière des champions.
« C’est antinomique avec le fait d’avoir bataillé pendant tant d’années pour les avoir. On peut enfin faire grandir une génération pour avoir énormément de résultats à Paris 2024 et que ça serve ensuite à notre société française. C’est à ce moment-là qu’on baisse le budget. »
Eh oui, la France n’a jamais été un pays où le politique a cru aux vertus du sport : les enfants à l’école font 2h de sport par semaine alors qu’ils devraient faire 2h par jour, afin de supporter d’être assis – en pleine croissance ! – 5 jours sur 7 sur une chaise en général mal conçue ! Et vous savez pourquoi ? Parce que l’écrasante majorité de nos dirigeants sont des têtes trop pleines par rapport à des corps trop creux.
Certes, notre Premier ministre Édouard Philippe fait de la boxe, l’ancien Premier ministre Laurent Fabius montait à cheval, mais les exemples positifs sont rares et maigres. Il faut descendre dans les bac moins 12 pour trouver des corps mieux développés, et c’est là où se trouvent les champions qui font une part de la réputation de notre pays. Les 23 qui ont gagné le dernier Mondial n’ont pas fait d’études supérieures, et les 19 ministres du gouvernement sont physiquement ramollis, le problème est là.
« Si, dans les associations sportives et les clubs, il n’y a pas un coach qui peut former d’autres coaches, on n’aura plus de formation pour les jeunes athlètes. Ce sera réservé au secteur privé, qui n’est malheureusement accessible qu’aux personnes aisées. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la plupart de nos sportifs ne viennent pas de milieux aisés. On le voit dans le football et beaucoup d’autres sports. C’est ce qui va nous manquer. »
Sans faire dans l’antifranquisme primaire, pardon, dans l’antifrancisme primaire, beaucoup de pays, et pas les plus riches, investissent dans le sport pour des raisons de santé publique, pour que la population ait un mental plus solide, et aussi avec une petite arrière-pensée militaire. On n’oublie évidemment pas le volet politique promotionnel, comme en Corée du Nord ou en Chine. Là-bas, les grands sportifs sont des stars, il n’y a qu’à voir le deuil national quand le champion olympique à Athènes du 110 mètres haies, Liu Xiang, n’a pas pu concourir aux JO de Pékin à cause d’une blessure au talon d’Achille. Chaque médaillé en Chine touche une pension à vie. En France, c’est à peine si les sportifs des JO de Rio avaient de quoi se payer le billet d’avion : certains devaient emprunter du fric à leur banque. Car tout le monde n’a pas de sponsor, surtout dans les sports peu médiatisés.
« “Une des qualités du sportif de haut niveau, c’est de réussir à s’entourer, pour n’avoir que de la performance à faire”. Et sur ce terrain, Kevin Mayer, à l’évidence, a fait les bons choix, avec notamment son entraîneur, Bertrand Valcin, ou Jérôme Simian, son préparateur physique. Ces personnes, ce sont notamment les conseillers techniques, qui forment les entraîneurs et les athlètes. “Il nous faut des personnes payées par l’État pour entourer les sportifs”. Or en amputant de 30 millions d’euros le prochain budget du ministère des Sports, l’exécutif menace leur avenir. » (France Inter)
- Le sport français a bien servi Macron, maintenant à lui de servir le sport français
Merci donc aux cerveaux de la macronie de couper les jambes au sport français, amateur et professionnel. On se demande comment on peut encore avoir des champions comme Kevin Mayer.