Depuis le 25 août, la ville libyenne de Syrte est soumise aux tirs de missiles et d’armes lourdes des « rebelles » et des forces de l’OTAN. Selon ses propres estimations, l’organisation militaire occidentale a effectué 427 bombardements entre le 25 août et le 29 septembre, dont 35 raids pour la seule journée du 27 septembre.
L’armée française, quant à elle, s’enorgueillit d’avoir assuré 140 sorties de chasseurs et d’hélicoptères dont 60% sont des missions offensives, entre le 30 septembre et le 6 octobre. Une vingtaine d’objectifs dans les régions de Syrte et Bani Walid auraient été « neutralisés ».
Dans l’indifférence des médias et des opinions publiques occidentales, cette ville - qui compte 75.000 habitants - connaîtune gigantesque catastrophe humanitaire. Les habitants qui tentent de fuir l’enfer qui leur est imposé décrivent les scènes d’horreur et parlent de milliers de morts. Certains d’entre eux - notamment les Noirs et les jeunes gens - sont arrêtés par les « rebelles » et accusés d’être des partisans de Kadhafi.
Le docteur Mego Terzian, porte-parole de Médecins sans Frontières (MSF) explique que le personnel médical de la ville, avec lequel l’organisation a des contacts, se plaint de l’afflux de blessés, dont une majorité d’enfants. « On manque d’électricité, d’eau et de matériel médical élémentaire tels antibiotiques, pochettes de sang, etc. ».
MSF voulait se rendre dans les hôpitaux avec du matériel, mais l’accès en a été formellement interdit par le « Conseil national de transition » (CNT). Et, par la mer, aucun accès n’est possible, en raison du blocus par les navires de l’OTAN. Les chefs de guerre des forces du CNT ont leur plan : « Nous essayons en quelque sorte d’affamer » les pro-Kadhafi, avouent-ils. Déclaration qui n’émeut même pas les partisans de « l’ingérence humanitaire ».
Pendant ce temps, en France, l’actualité c’est le non-évènement de la future élection présidentielle et son spectacle. Les avions de chasse et les hélicoptères de « notre » armée peuvent détruire et massacrer en toute tranquillité.
Personne ne s’interrogeant, par ailleurs, sur la crédibilité d’une soi-disant « révolution » qui, en dépit du surarmement de ses partisans et du déluge de feu de l’OTAN, n’est pas encore parvenue à s’imposer après huit mois de combats. Quant au groupe français Total, il a annoncé qu’il avait repris la production de pétrole sur une plate-forme au large de la Libye. Total est donc la première compagnie étrangère à reprendre l’exploitation du pétrole libyen depuis le début de l’opération « révolution libyenne » commanditée par les puissances occidentales. [1]
Faut-il commémorer une future éventuelle baisse du prix de l’essence ?
[1] Par ailleurs, ce 12 octobre, une délégation d’hommes d’affaires français s’est rendue à Tripoli avec le secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Pierre Lellouche. Il s’agit de profiter du marché de la reconstruction évalué à 200 milliards de dollars.